Sépultures anonymes en Saskatchewan : réactions discrètes aux T.N.-O.

De petits drapeaux, indiquant lemplacement de sépultures anonymes, sont plantés dans un terrain vague
Des images du site captées par drone dévoilées le 24 juin 2021. (Capture d'écran Première Nation Cowessess)
Thomas Ethier - CIVR - YellowknifeTNO | 25-06-2021
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Entre 600 et 751 sépultures anonymes ont été repérées en juin sur le site de l’ancien pensionnat indien de Marieval, sur le territoire de la Première Nation Cowessess, en Saskatchewan. Les chiffres ont été dévoilés le 24 juin en conférence de presse, par le Chef de Cowessess, Cadnus Delorme. Ces pierres tombales auraient été retirées du site en 1960 par les membres de l’église catholique de la région.

Dans une déclaration de quelques lignes, partagées sur Facebook le 24 juin, la première ministre des Territoires du Nord-Ouest, Caroline Cochrane, a affirmée que  « la confirmation de la présence de centaines d’enfants autochtones sur les sites du pensionnant indien de Marieval n’est pas une surprise pour les personnes autochtones ».

 

Écoutez le segment d'information du journaliste Thomas Ethier, diffusé sur les ondes de Radio Taïga 102,3 FM .

 

Les réactions du Nord

Jusqu'à présent, les réactions sont sobres et peu nombreuses aux T.N.-O., tant su côté des collectivités autochtones que du fgouvernement. La Nation dénée des Territoires du Nord-Ouest, qui a partagé la conférence de presse de la Première Nation Cowessess sur les médias sociaux, a exprimé ses condoléances ce jeudi à ses proches de la Saskatchewan.

Au lendemain de la découverte de 215 enfants dans la sépulture anonyme de Kamloops, en Colombie-Britannique, la première ministre des TNO, Caroline Cochrane, s’était engagée à entreprendre de telles fouilles aux Territoires du Nord-Ouest. « Mon engagement est d’amener le sujet aux gouvernements autochtones et de suivre leurs directives sur la manière d’aller de l’avant », a-t-elle indiqué à l’Assemblée législative.

Au Nunavut, le premier ministre Joe Savikataq a lancé un appel à l’action, dans un communiqué de presse où il exige notamment, au nom des Premières Nations, des Métis et des Inuits, des excuses « aux milliers de familles et collectivités affectées [par les pensionnats indiens] , de la part de toutes les personnes impliquées ».  

Une scène de crime

Quelque 751 drapeaux sont alignés sur le site du pensionnat indien Marieval, où sont entreprises, depuis le 2 juin, les recherches par géoradar, visant à retrouver et identifier les corps inhumés. Les corps ont été retrouvées en rangées ordonnées, la plupart étant disposés à un mètre les uns des autres. Selon le chef Delorme, « la transmission orale de l’histoire indique que des adultes y sont aussi enterrés. »

Puisque la technique par géoradar implique une marge d’erreur d’environ 10 pour cent, la Première nation parle de « plus de 600 corps ». Les résultats seront confirmés au cours des prochaines semaines, et les recherches se poursuivront. Cette première étape de recherche a permis de couvrir une surface de 44 000 mètres carrés, incluant, en plus du site du pensionnat de Marieval, des sépultures réservées aux personnes non baptisées, incluant des bébés décédés avant de l’avoir été.

« Ce n’est pas un charnier, mais bien une sépulture anonyme, a insisté le chef Delorme. On a retiré les pierres tombales. Il s’agit d’un crime dans ce pays, et nous considérons ce site comme une scène de crime ». En période de questions, le chef a souligné qu’il verra à déterminer si cette loi, valide en 2021, peut être applicable pour un geste commis à l’époque.

Rendre leurs noms aux disparus

« Cette situation est sans doute choquante pour plusieurs, mais ceux qui ont fréquenté ce pensionnat, ou qui se trouvent [dans la Première Nation Cowessess] ont toujours su qu’il y avait des sépultures sur ce site », affirme le chef. Selon ce qu’aurait rapporté une gardienne du savoir de la Première Nation, le registre des personnes enterrées sur le site a été retiré de la Première Nation Cowessess en 1970 pour être envoyé à Winnipeg. « Cette personne indique qu’elle a tenu à en garder une copie, mais on l’aurait alors menacée de poursuite si elle ne rendait pas le document aux autorités religieuses », indique-t-il.

Le Chef Delorme a souligné que premier ministre Justin Trudeau, ainsi que des représentants des gouvernements fédéral et provincial se sont entretenu avec la Première Nation pour manifester leur appui. L’Archidiocèse de l’église catholique de la région se serait également engagé à aider cette Première Nation à atteindre ses objectifs.

La Première Nation souhaite notamment identifier sur le site, autant que possible, les noms de chaque enfant et adulte qui y sont enterrés. « Ce sera douloureux dans les prochains mois. Chaque nouveau nom qui sera dévoilé ravivera la douleur vécue par trop de survivants du pensionnat indien de Marieval », a souligné le chef Delorme.

Également présent lors de la conférence de presse, le chef de la Fédération des Nations autochtones souveraines de la Saskatchewan, Bob Cameron a appelé tous les paliers de gouvernement ainsi que l’Église catholique à appuyer les recherches de nouvelles sépultures anonymes.

Il a affirmé que des recherches seront entreprises sur l’ensemble de sites des anciens pensionnant autochtones, ainsi que sur les sites de sanatoriums, d’hôpitaux autochtones et « tous endroits où les gens ont été apportés, abusés, torturés, négligés et assassinés, a-t-il ajouté. Nous n’arrêterons pas avant que nous ayons trouvé tous les enfants et toutes personnes qui y sont décédés ».