Racisme systémique envers les autochtones dans le système de santé en C.-B.

infographie décrivant un système aboutissant à du racisme dans la santé
Infographie tirée du troisième rapport In Plain Sight
Mélinda Trochu - CILS - VictoriaBC | 12-02-2021
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Mary Ellen Turpel-Lafond a rendu son rapport final, jeudi 4 février, sur le racisme dans le système de santé britanno-colombien.

Lors d’une conférence de presse, aux côtés du ministre de la santé Adrian Dix, elle a détaillé les données récoltées lors de son enquête, intitulée In Plain Sight.

Le dernier rapport révèle un racisme systémique envers les autochtones et détaille les résultats de deux sondages menés auprès de personnes autochtones et de personnels de santé.

Une infographie explique comment ce racisme systémique a de réelles conséquences sur la santé des autochtones. Le système de santé colonial avec son histoire de ségrégation et de racisme a entraîné des stéréotypes envers les autochtones (alcoolisme, parentalité négative, etc.).

Ces stéréotypes conduisent à des discriminations, des refus de soins, des humiliations, parfois des erreurs médicales.

Les autochtones évitent alors le système de santé, ils développent une défiance, et sont moins souvent rattachés à des médecins de famille que les non autochtones.

Tout cela a un impact négatif sur leur santé: ils ont plus de stress, une espérance de vie réduite, plus de maladies chroniques, une mortalité infantile plus élevée.

Trois thèmes essentiels de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) liés à la santé ont guidé le rapport In Plain SightLa Déclaration réaffirme notamment le droit des peuples autochtones à la santé à l’article 24.

 

75% de risques en plus pour les autochtones d’arriver aux urgences

 

En Colombie-Britannique, les autochtones représentent 5.9% de la population. Le racisme systémique qu’ils endurent dans le système de santé crée de réelles disparités avec les non-autochtones.

Dans la province, les autochtones ont 75% de risques en plus d’arriver directement aux urgences, faute d’avoir un médecin de famille et des soins de routine.

Lorsque des autochtones sortent de l’hôpital, ils sont plus susceptibles d’être réadmis pour la même raison dans les 30 jours, selon le rapport. Il n’est également pas rare que des femmes autochtones arrivent à l’hôpital pour accoucher sans avoir eu aucun suivi prénatal.

Seize pour cent des autochtones interrogés ont dit « ne pas se sentir du tout en sécurité » aux urgences d’un hôpital, contre 5% chez les non-autochtones. Vingt-quatre pour cent ont expliqué qu’ils étaient traités comme s’ils étaient malhonnêtes, vingt-six pour cent comme s’ils étaient ivres.

Le rapport explique que les autochtones sont moins susceptibles d’accéder aux tests courants de détection des cancers, au dépistage prénatal et aux soins pédiatriques.

Les enfants autochtones sont également moins susceptibles de consulter un dentiste pour des examens réguliers et ont jusqu’à 9,5 fois plus de risques d’être hospitalisés pour le traitement des caries.

Les aînés de plus de 65 ans sont 89 % plus susceptibles que le reste de la population de ne pas avoir accès à des soins primaires. C’est « une conclusion stupéfiante de ce rapport », selon Mary Ellen Turpel-Lafond.

 

35% des personnels de santé ont été témoins de racisme

 

Au total, 67% des autochtones interrogés ont déclaré avoir été victimes de discrimination de la part du personnel de la santé en fonction de leur origine, comparativement à seulement 5% des répondants non autochtones.

Du côté des personnels de santé, 35% ont dit avoir été témoin de racisme ou de discriminations envers des patients autochtones, de leur famille et ami. Ce chiffre passe à 59% lorsque les personnels sont autochtones eux-mêmes.

En Colombie-Britannique, les autochtones ont une espérance de vie moins longue de neuf années que le reste de la population.

Pour Adrian Dix, « le racisme systémique requiert une action systémique ». Il vient de nommer une sous-ministre déléguée à la mise en place des recommandations issues de ce rapport. Dawn Thomas Aa ap waa iik a été nommée à ce poste, elle est membre de la première nation Snuneymuxw de l’île de Vancouver.

 

Toute personne étant confrontée à du racisme dans le système de santé britanno-colombien peut désormais envoyer un courriel à addressing_racism@gov.bc.ca et/ou téléphoner au numéro gratuit 888-600-3078.

 

L’article 24 des appels à l’action de la Commission vérité et réconciliation stipule :

« Nous demandons aux écoles de médecine et aux écoles de sciences infirmières du Canada d’exiger que tous leurs étudiants suivent un cours portant sur les questions liées à la santé qui touchent les Autochtones, y compris en ce qui a trait à l’histoire et aux séquelles des pensionnats, à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, aux traités et aux droits des Autochtones de même qu’aux enseignements et aux pratiques autochtones. À cet égard, il faudra, plus particulièrement, offrir une formation axée sur les compétences pour ce qui est de l’aptitude interculturelle, du règlement de différends, des droits de la personne et de la lutte contre le racisme. »