Hier la communauté acadienne de Pomquet recevait en grande pompe plus de 7,5 millions de dollars pour son projet de développement de centre communautaire et l'agrandissement de son école. La ministre du développement économique et des langues officielles, Mélanie Joly officialisait l'appui du gouvernement fédéral à hauteur de 3.4 millions de dollars, et le ministre provincial de l'éducation et de la petite enfance, Zach Churchill validait lui un soutien provincial du même montant.
C'était l'occasion pour la ministre Joly de montrer le soutien du gouvernement fédéral aux communautés de langues officielles en situation minoritaire alors que celles-ci sont de plus en plus préoccupées par l'avenir de la langue française. La ministre a également expliqué le choix du gouvernement fédéral de soutenir la communauté de Pomquet en particulier.
"La communauté de Pomquet travaille depuis des années sur un beau projet et en travaillant avec et le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral, elle a été en mesure d'obtenir ce financement de 3.4 millions de dollars du gouvernement fédéral, et ça va nous faire plaisir encore et toujours de travailler avec plusieurs autres communautés en Nouvelle-Écosse", précise la ministre Mélanie Joly.
De leur côté, ce que demandent les organismes représentant les communautés francophones en situation minoritaire comme la FCFA au niveau fédéral ou la Fédération acadienne de Nouvelle-Écosse (FANE) au niveau provincial, c'est avant tout une règle claire et une évolution de la loi sur les langues officielles, qui ne conditionneraient pas la réalisation de projets comme celui de Pomquet au seul bon vouloir des gouvernements fédéraux et provinciaux. À ces préoccupations, la ministre Joly répond que le rôle du fédéral sera toujours de soutenir les communautés.
"Nous nos objectifs, c'est de soutenir nos communautés en milieu minoritaire. C'est ce qu'on a fait de manière proactive en augmentant de 20% le financement de toutes les organisations qui oeuvrent dans le milieu des langues officielles comme les radios communautaires et tous les organismes qui renforcent la vitalité de ces communautés. On a aussi augmenté les budgets d'infrastructures pour les projets communautaires. Ce sont nos objectifs, et nous répondrons présents pour soutenir d'autres beaux projets," explique la ministre Mélanie Joly.
Un discours et des actions appréciés localement par les représentants, mais qui ne satisfont pas pleinement ceux qui craignent un recul des droits des francophones dans un contexte où l'anglicisation culturelle, économique et politique continue de croitre dans les provinces anglophones. Un sentiment renforcé par les récents débats au Nouveau-Brunswick dont l'assemblée législative s'apprête à réviser la loi provinciale sur les langues officielles.
Quand on interroge la ministre sur l'urgence de moderniser la loi sur les langues officielles et la déception des francophones en situation minoritaire de voir cette modernisation prendre autant de temps, Mélanie Joly réplique qu'elle partage leur impatience.
"Je partage leur impatience, c'est une priorité, et en même temps, au cours des prochaines semaines, j'aurai l'occasion de déposer un livre blanc qui va présenter une réforme linguistique importante et dont l'objectif va être très certainement de renforcer la langue française au pays, parce que l'on sait que c'est une langue minoritaire au Canada et en Amérique du Nord," conclut Mélanie Joly.
En clair, les francophones en situation minoritaire vont encore devoir faire preuve de patience et espérer que ce livre blanc ne soit pas une manière de gagner du temps jusqu'aux prochaines élections.
Mélanie Joly, ministre du développement économique et des langues officielles était au micro de Oui FM pour parler du projet communautaire à Pomquet et de l'avenir de la loi sur les langues officielles.