Lena Warner est arrivée à Fredericton en début d’année avec son mari et ses 3 enfants, ils ont fait le choix de ne pas scolariser ces derniers de manière classique. Ils pratiquaient déjà l’école à la maison en Colombie-Britannique et ont choisi de continuer au Nouveau-Brunswick.
Avant même la naissance de leur premier enfant, l’idée d’une éducation sur mesure à la maison les a séduits parce que cela représentait la possibilité d’équilibrer Français et Anglais dans la mesure où le papa est exclusivement anglophone.
Selon Lena, cela permet également de mieux suivre le rythme de l’enfant et ceux-ci apprennent mieux puisqu’ils sont à l’origine des questions abordées. « Ça mange quoi un éléphant ? Ça mange quoi un gorille ? Qu’est-ce qui fait un arc-en-ciel ? Pourquoi on dort ? Pourquoi notre cœur bat ?»
Par conséquent, pas de programme établi comme à l’école classique, mais un apprentissage par le quotidien. Aborder les mathématiques et les fractions en préparant les ingrédients pour un gâteau est une approche différente.
Toutefois, elle précise que c’est la méthode qu’eux ont choisi de suivre et qu’il existe d’autres manières de faire en suivant un curriculum bien précis et des sessions de cours a la maison se rapprochant un peu plus de ce qui peut se faire à l’école.
Sur le plan légal, du côté du gouvernement, il est indiqué que « En choisissant de faire l’école à domicile, le parent ou le tuteur doit obtenir une exemption de l’école publique chaque année où l’enfant est scolarisé à domicile ». Nous avons appris auprès du ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance que pour l’année scolaire 2021-2022, ce sont 272 élèves, de la maternelle à la 12e année, qui ont été autorisés à suivre l’enseignement à domicile par les 3 districts francophones du Nouveau-Brunswick alors que les écoles recevaient 29 262 élèves.
Côté anglophone en revanche 1985 élèves sont restés à la maison contre 69 985 élèves à l’école classique. Des chiffres qui montrent un écart assez marqué lorsqu’on les met en relation. En effet, là où pour les districts anglophones on compte 2,8% d’élèves à la maison, on ne trouve que 0,9% d’enfants en école à la maison chez les francophones.
Des chiffres à mettre en parallèle avec le ressenti de certains parents ayant souhaités rester anonyme pour qui il serait plus compliqué d’obtenir une exemption dans les districts francophones, ces derniers sembleraient plus enclins à contrôler ce qui est enseigné à la maison et comment cet enseignement est prodigué. Une situation ayant poussé certains parents à faire leurs demandes auprès des districts anglophones.
Au moment de publier, aucun des 3 districts francophones n’a répondu à notre proposition de commenter ces situations. Le ministère n’a pas encore commenté non plus.
Concernant Lena, lorsqu’on lui demande comment elle réagirait si ses enfants souhaitaient aller à l’école, d’abord, elle espère que cela n’arrivera pas, mais selon les envies de ses enfants et selon ce qu’ils souhaiteront faire en grandissant, elle ne les empêchera pas d’y aller, et ce notamment s’ils devaient avoir besoin d’un diplôme, puisqu’il est à préciser que, à ce jour, les élèves qui terminent leurs études par l’enseignement à domicile ne sont pas admissibles à un diplôme d’études secondaires du Nouveau-Brunswick.
Pour ce qui est des défis que représente ce mode d’éducation choisi, il faut pouvoir se permettre de vivre avec un seul salaire, mais ça n’est pas la seule difficulté. Il faut également accepter d’être avec ses enfants plus souvent que les autres parents, et savoir laisser le jugement ou le regard des autres de côté.