L’université de Victoria a désormais un fonds de roulement de 225 millions de dollars libres de tout investissement lié aux énergies fossiles. Mardi 2 février, 80 millions de dollars ont été désinvestis. L’université a étudié pendant un an les meilleurs placements disponibles avant de procéder à ce désinvestissement, explique Andrew Coward, le trésorier de l’université, en entrevue à Radio Victoria.
En janvier 2020, l’université de Victoria a adopté une politique visant à réduire l’intensité carbone de ses investissements et à fournir une meilleure divulgation des émissions de carbone et des risques climatiques associés à son portefeuille. Cette politique vise à réduire l’intensité carbone des investissements à court terme de l’université de 45% d’ici 2030.
Andrew Coward reconnaît le rôle clé des étudiants et des membres de la faculté qui se sont battus pendant huit ans pour ce désinvestissement. En 2015, les étudiants avaient tenu un référendum et 77% des participants s’étaient prononcés en faveur du désinvestissement.
Une victoire des étudiants
Emily Lowan, étudiante, est impliquée au sein de Divest UVic, le groupe qui a milité pour ce désinvestissement. Très heureuse de cette « victoire majeure », Emily Lowan dit avoir l’impression que l’université écoute enfin ses étudiants depuis l’arrivée de Kevin Hall, en novembre 2020, en tant que nouveau président de l’université de Victoria.
Outre ce désinvestissement, l’université a également investi 10 millions de dollars dans un fonds qui soutient les énergies renouvelables et qui est détenu par BlackRock. L’intérêt pour l’université est que « ce fonds d’impact sur les énergies renouvelables mesurera les émissions de carbone évitées par les investissements du fonds », détaille Andrew Coward.
Le choix de BlackRock peut surprendre. En 2020, BlackRock a notamment voté contre 88% des résolutions sur le climat qui lui ont été présentées en tant qu’actionnaire.
Emily Lowan dévoile que les étudiants n’ont pas été consultés sur cette décision et qu’ils auraient pris « une autre direction ». Elle salue cependant le « bon dialogue » avec l’administration universitaire et explique que « l’équilibre est délicat lorsqu’on cherche à atteindre un but immédiat ».
De son côté, Andrew Coward justifie cette décision du fait que « les produits d’investissements disponibles ont mis du temps à répondre aux besoins des investisseurs » et qu’il n’y a « pas forcément beaucoup d’options » lorsqu’un investisseur cherche un investissement à impact tout en répondant également à des besoins en termes de retours financiers.
Des placements liés aux énergies fossiles toujours détenus par la fondation universitaire
Le combat n’est pas terminé pour Divest UVic. Le fonds de dotation à long terme de la fondation universitaire contient toujours des investissements liés aux énergies fossiles. Emily Lowan estime que cela concernerait 40 millions de dollars, selon des informations datant de mars 2020.
L’université n’a pas de pouvoir de décision sur ce fonds. Andrew Coward assure néanmoins que l’université communiquera auprès de la fondation sur sa démarche de désinvestissement.
À l’avenir, Divest UVic prévoit de continuer à travailler avec la coalition d’universités canadiennes qui œuvre pour ces désinvestissements partout au Canada.
Emily Lowan précise qu’ils souhaitent également « être solidaires des défenseurs des terres autochtones de la Colombie-Britannique et de toute l’île de la Tortue ».
Pour aller plus loin : un dossier très complet en anglais de The Martlet (février 2019)