Des centaines de personnes se sont rassemblées à Halifax dimanche après-midi pour montrer leur soutien aux pêcheurs de Sipekne'katik et à leur pêche de subsistance à la suite des tensions continues dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Le rassemblement a eu lieu un jour après qu'un incendie s'est déclaré à Middle West Pubnico, dans l'une des deux installations vandalisées par des pêcheurs commerciaux plus tôt cette semaine.
Dans un communiqué, la GRC a qualifié l'incendie de suspect et a déclaré qu'un homme était à l'hôpital avec des blessures potentiellement mortelles qui seraient liées à l'incendie. 

"Vers minuit, la GRC du comté de Yarmouth et le service de lutte contre les incendies de West Pubnico, ainsi que d'autres services d'incendie avoisinants, se sont rendus sur les lieux d'un incendie dans une usine de poisson. L'usine a subi des dommages considérables. Elle était inoccupée au moment de l'incendie, et aucun employé n'a été blessé. Un homme est à l'hôpital souffrant de blessures potentiellement mortelles qui seraient associées à l'incendie. L'enquête a révélé qu'il s'agissait d'un incendie de nature suspecte. Les enquêteurs poursuivent leur travail."

La GRC invite les personnes qui auraient des informations sur l'incendie à communiquer avec elle.

Les politiques aussi se sont positionnés sur l'affaire, dans un communiqué, l’honorable Erin O’Toole, le chef des conservateurs du Canada et de l’Opposition officielle, a fait la déclaration suivante au sujet de l’échec du gouvernement Trudeau à prendre des mesures concrètes pour régler la crise des pêches en Nouvelle-Écosse. 

"La sécurité de tous les Canadiens doit être la priorité absolue du gouvernement. Le premier ministre et son gouvernement ne prennent pas les mesures requises pour assurer la sécurité de tous les résidents de la Nouvelle-Écosse et régler la situation de manière pacifique. J'ai soulevé la situation avec le premier ministre le 18 septembre et je l'ai exhorté à réduire les tensions et à trouver une solution." Déclarait Erin O’Toole dans son communiqué.

Justin Trudeau réagissait vendredi au sujet des tensions en Nouvelle-Écosse. Photo : Gouvernement du Canada

Justin Trudeau déclarait vendredi que le gouvernement fédéral était très impliqué dans cette crise qu'il allait s'assurer que des forces de maintien de l'ordre soient sur le terrain pour permettre aux pêcheurs mi'kmaw de jouir de leur droit à la pêche de subsistance.

Lors du rassemblement de dimanche, on pouvait notamment entendre parmi les discours prononcés une réaffirmation de l'aspect pacifique des manifestations. 

Les tensions mijotent depuis des semaines dans le sud-ouest de la province, déclenchées par le lancement de la pêche mi'kmaw en dehors de la saison commerciale mandatée par le gouvernement fédéral. Les pêcheurs commerciaux invoquent la préservation de l'espèce comme argument pour ne pas permettre cette pêche de subsistance.

Robin Tress, livre dans son article une analyse plus profonde de la situation. Photo : The Council of Canadians

Certains proposent une analyse tout autre de la situation. Robin Tress précisait vendredi dans les colonnes du média démocratique et écologique "The Council of Canadians" qu'au cours des 40 dernières années, les gouvernements ont favorisé les opérations de pêche d’entreprises comme Clearwater au détriment des petits propriétaires exploitants et des pêcheurs mi'kmaw. Selon Robin Tress, les gouvernements fédéraux et provinciaux ont accordé à l'entreprise un traitement spécial :

• Clearwater a élaboré son propre plan de gestion pour la zone 41 de pêche au homard dans les années 1980. La société a également rédigé son propre plan de gestion des pêches, conduit ses propres recherches scientifiques (et garde les résultats privés, car elle est «propriétaire») et copréside le conseil de gestion de la ZPH 41.
• Clearwater fait l'objet d'observations extérieures extrêmement minimes sur les pêches. Seuls 4% de ses prises sont déclarés.
• L'entreprise est propriétaire des huit permis de pêche au homard de la ZPH 41 (même si elle en a récemment vendu certains à la Première nation de Membertou). Ce type de regroupement n’est autorisé dans aucune autre zone de pêche et aucune autre entreprise ou personne ne l’a fait.

"Aujourd’hui, l’entreprise de Bedford, en Nouvelle-Écosse, génère un chiffre d’affaires annuel de plus de 600 millions de dollars, compte quelque 1 900 employés dans sept pays et exporte ses fruits de mer de qualité supérieure partout dans le monde," peut-on lire sur le site internet du gouvernement du Canada. 

Ce qui représente pour 2019 plus de 315 000 $ de chiffre d'affaires individuel pour chacun des 1900 employés de l'entreprise. Si la subsistance ne se trouve ni dans les embarcations des pêcheurs mi'kmaw ni dans les bateaux des pêcheurs commerciaux de Saulnierville, elle se trouve peut-être dans les colonnes des bilans financiers de Clearwater Seafoods Ltd.