Un verre d’alcool avec de la glace d’icebergs: un délice selon Yves Letellier

Un bateau sur l'eau avec trois personnes à son bord, devant un iceberg trois fois sa taille.
La dernière fois qu'Yves Letellier a pu approcher un iceberg pour en récupérer des morceaux remonte à 2019. Depuis, les courants ont tendance à repousser les icebergs vers le nord, affirme-t-il. (Photo : gracieuseté Yves Letellier Photographie)
Pénélope Clermont - CJTB - Tête-à-la-BaleineQC | 11-03-2022
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Depuis plusieurs années, Yves Letellier, résident de La Tabatière en Basse-Côte-Nord, récupère des bouts d’icebergs et les conserve dans son congélateur. La raison ? Il les utilise pour se faire des drinks. Un plaisir qui a de quoi devenir contagieux tellement il en parle avec un bonheur dans la voix.

CJTB a contacté le Coaster après avoir vu sur Facebook qu’il avait répondu positivement à une publication indiquant que Tourisme Côte-Nord était à la recherche d’un résident de la Basse-Côte-Nord qui aurait dans son congélateur un bout d’iceberg. Il n’en fallait pas plus pour piquer notre curiosité.  

Non seulement avons-nous appris tous les détails relatifs à ce plaisir alcoolisé, mais nous avons découvert que deux des morceaux d’iceberg de M. Letellier ont voyagé jusqu’à Montréal dans les derniers jours. Ils attendent maintenant froidement de prendre part au tournage de l’émission « Ça finit bien la semaine », diffusée à TVA.  

L’eau d’iceberg : un marché bien réel  

Un homme debout dans un bateau sur l'eau tient deux morceaux de glace. Un plus gros morceau repose à ses pieds.

Yves Letellier lors d'une sortie sur l'eau en 2017. (Photo : gracieuseté Yves Letellier Photographie)

Si Yves Letellier conserve de la glace d’icebergs pour son propre plaisir, il existe bel et bien un marché pour ce type de récolte, particulièrement du côté de Terre-Neuve. La microbrasserie Quidi Vidi à St. John’s, à Terre-Neuve, produit notamment une bière blonde à partir de l’eau d’icebergs « vieux de plus de 20 000 ans », assure-t-on sur la bouteille. D’autres entreprises produisent également d’autres boissons alcoolisées fabriquées à partir de l’eau d’icebergs.   

Ce marché semble lucratif pour ceux qui voudraient se transformer en chasseurs d’icebergs. Un article de Julien Besset de l’Agence France-Presse, lequel a été diffusé par La Presse le 2 août 2019, relate le travail du capitaine Edward Kean qui a su tirer profit de la fonte des glaciers du Groenland. Son équipage a même récolté cette année-là près de 800 000 litres d’eau entre mai et juillet, soit la haute saison des icebergs. À la revente, les entrepreneurs locaux allaient débourser, toujours selon l’article, un dollar le litre pour se procurer la précieuse eau.  

La réputation « pure » de cette eau, puisque congelée avant la pollution atmosphérique actuelle, est un argument de vente important pour les entreprises développant ce type de produits haut de gamme. Un argument que remet cependant en question la journaliste scientifique Ève Christian à travers le balado « Moteur de recherche », disponible sur la plateforme OHdio de Radio-Canada.  

Selon elle, il est inexact de prétendre que le liquide issu de ces glaciers est le plus pur au monde. Appuyée de témoignages de scientifiques, elle souligne que les eaux souterraines sont de meilleure qualité que celles recueillies sur des icebergs. En effet, contrairement à la croyance populaire, ce liquide n’est pas nécessairement bon pour la santé, car il ne contient pas beaucoup de sels minéraux. Ainsi, boire de l’eau déminéralisée, comme celle des icebergs, aide à se désaltérer, certes, mais c’est tout. Selon Mme Christian, cette eau, dans laquelle on ne retrouve pas de calcium ni de magnésium, peut avoir des effets indésirables sur les muqueuses intestinales, voire contribuer au développement de l'ostéoporose et de l’hypertension, ce qui pourrait augmenter le risque de maladies cardiovasculaires.  

Écoutez le compte-rendu découlant de l’entrevue qu’Yves Letellier a accordée à CJTB :