1er juillet 2021 : pause de célébrations aux TNO

Des souliers d'enfants sont disposés autour d'un arbre
Cette année, les ténois rendront hommage, le 1er juillet, aux victimes et aux survivants des pensionnats indiens. (Photo : Thomas Ethier)
Thomas Ethier - CIVR - YellowknifeTNO | 30-06-2021
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Le 1er juillet 2021 sera jour de commémoration des victimes et survivants des pensionnats autochtones aux Territoires du Nord-Ouest. Les festivités entourant la fête nationale du Canada ont été remplacées à travers le territoire par des rassemblements festifs dirigés par les leadeurs autochtones. En l’honneur des enfants disparus, on encourage les résidents à porter la couleur orange.

Thomas Ethier – IJL – Territoires

On apprenait le mardi 29 juin que 182 nouvelles sépultures anonymes ont été trouvées, cette fois sur le site d’un ancien pensionnat autochtone, dans la première nation Lower Kootenay, en Colombie-Britannique. Quelques jours avant cette annonce – la troisième du genre en un mois au Canada –, les municipalités et gouvernements autochtones des Territoires du Nord-Ouest ont décidé de modifier, voir annuler leurs célébrations du 1er juillet.

 

Écoutez l'entrevue réalisée avec la mairesse de Yellowknife, Rebecca Alty, par le journaliste Thomas Ethier: 

 

« Un moment décisif »

La première ministre, Caroline Cochrane, se dit-elle même en conflit, en tant que femme métisse, avec l’idée de « célébrer un pays qui a activement participé à voler les vies d’enfants autochtones, dans une tentative de détruire une culture entière. »

Dans une déclaration partagée par courriel, Mme Cochrane parle « d’un moment décisif dans l’histoire du Canada. Ce moment définira quel Canada nous voulons être – la fête du Canada doit être plus que des parades, des drapeaux au vent et du patriotisme, affirme-t-elle. Ce doit être une journée où nous célébrons la diversité et les premiers peuples de ce pays qui font partie intégrante de l’identité de notre nation. »

« Ce sont des moments difficiles et douloureux pour plusieurs, en particulier pour les peuples autochtones, ajoute la première ministre. Il est important pour nous en tant que communauté de soutenir ceux qui font de notre nation cette belle mosaïque culturelle. Ils et elles ont plus que jamais besoin de nous. »

De nouvelles programmations

Comme à Hay River, Fort Smith ou Inuvik, pour ne nommer que ces municipalités, Yellowknife ne célèbrera pas le Canada cette année. La capitale ténoise emboite ainsi le pas aux capitales du Nunavut et du Yukon, qui ont respectivement annoncé l’annulation et la refonte des activités du 1er juillet.

Une grande danse au tambour prendra toutefois place à la Place Somba K’e dès 16 h, un évènement qu’on espère achalandé. La décision a été prise par les leadeurs de la Première nation des Dénés Yellowknives, de concert avec la mairesse de Yellowknife, Rebecca Alty.

Comme l’explique Mme Alty, Yellowknife prend cette année une pause des célébrations de la fête nationale, pour laisser place à un évènement a teneur cérémoniale. « Nous avons convenus qu’une grande tristesse, un deuil, habite présentement Yellowknife. Or, plutôt qu’annuler complètement cette journée du 1er juillet, nous voulions organiser un évènement qui rassemble la communauté et qui respecte la population autochtone », explique-t-elle.

« Certaines collectivités ont annulé leurs évènements, c’était la volonté des populations autochtones de ces régions, ajoute-t-elle. Ici, nous voulions organiser un évènement rassembleur, qui nous permette de débuter le voyage vers la guérison et la réconciliation. C’est ce que la plupart des résidents de la région souhaitaient : être rassemblés, pouvoir danser et avoir un évènement cérémonial plutôt qu’une célébration. »

La traditionnelle parade de la fête nationale, qui se tient depuis des dizaines d’années à Yellowknife, n’aura pas lieu en 2021. Le Rotary club de Yellowknife, qui assure l’organisation de la parade depuis ses débuts, a annoncé que la tenue de cet évènement ne lui aurait pas permis de respecter ses valeurs éthiques.

À Hay River, la municipalité a décidé d’annuler la parade et les célébrations de la fête du Canada. « Les actes insensés qui ont sévi dans les pensionnats autochtones se dévoilent sous un nouveau jour, souligne-t-on dans un communiqué de presse. Plusieurs personnes en souffrent et ont besoin de notre appui. Ce n’est pas le moment de célébrer, à la vue de nos amis et voisins autochtones, alors qu’ils vivent un deuil ».

C’est la Première nation K’atl’odeeche, voisine de la municipalité, qui organise les rassemblements cette année. Les résidents de Hay River sont invités à prendre part aux cérémonies, qui commencent à 13 h 23 au monument de l’ancien pensionnat indien Old Village.

1323 sépultures anonymes

Jusqu’à présent, on estime que 1323 corps d’enfants ont été retrouvés les sites d’anciens pensionnant autochtones au Canada. Ces chiffres ont été compilés avant l’annonce du 29 juin, qui provient de la première nation de Lower Kootenay en Colombie-Britannique. On y a récemment repéré 182 individus enterrés, de façon anonyme, sur le site d’un ancien pensionnat indien.

Le 27 mai, la première nation Tk’emlups te Secwépemc, en Colombie-Britannique annonçait que 215 enfants autochtones ont été retrouvés au terme de recherches par géoradar, sur le site de l’ancien pensionnant de Kamloops, en Colombie-Britannique. Suite à cette annonce, de nombreux leadeurs autochtones au pays ont annoncé que des recherches seront entreprises, et que plusieurs autres sépultures anonymes seront trouvées.

Quelques jours plus tard, le 24 juin, on annonçait la découverte de 751 sépultures anonymes sur le site de l’ancien pensionnat autochtone Marieval, dans la Première nation Cowessess, en Saskatchewan. Le Chef de la Fédération des Nations autochtones souveraines de la Saskatchewan, Bob Cameron, a alors annoncé que des recherches seront entreprises sur l’ensemble de sites des anciens pensionnats autochtones, ainsi que sur les sites de sanatoriums, d’hôpitaux autochtones et « tous endroits où les gens ont été apportés, abusés, torturés, négligés et assassinés. »

La première ministre des Territoires du Nord-Ouest, Caroline Cochrane, s’est engagée en juin, à l’Assemblée législative, à faire en sorte d’obtenir la collaboration du gouvernement fédéral pour entreprendre des recherches sur le territoire, qui seront dirigées par les gouvernements autochtones.