Le conseil municipal de Yellowknife décidera le 9 novembre s’il retient l’option d’installer un Centre de jour temporaire, jusqu’au 31 mai 2021, dans un immeuble situé en face de l’école secondaire Saint-Patrick.
En regard aux nombreuses voix s’opposant à un tel covoisinage avec les élèves de l’école secondaire, l’administration municipale s’attend à ce qu’une telle proposition, si elle était retenue par le conseil, soit portée devant le Comité d’appel en matière de logement des TNO. Le projet serait alors en suspens pour la durée du processus, qui pourrait vraisemblablement s’étendre sur trois mois. Un délai est jugé inacceptable avec l’arrivée du temps froid.
« Même si le conseil approuve l’utilisation de l’édifice de la 44e rue, ça ne prend qu’un seul résident pour porter cette décision en appel et ralentir le processus de trois mois, a résumé la mairesse Rebecca Alty lors d’une rencontre spéciale, le 28 octobre. Il faudrait être naïf pour croire que personne ne va porter cette décision en appel. »
Besoin d’une solution rapide
Devant l’urgence de trouver une solution pour protéger les personnes sans-abris du froid extrême, le conseil a approuvé l’option d’ériger le plus rapidement possible une structure temporaire sur un terrain de la municipalité, ce qui permettrait d’éviter tout processus d’appel. Toutefois, la représentante du GTNO, Sara Chorostkowski, a émis de sérieuses réserves lors d’une rencontre du conseil, le 2 novembre. Aucune soumission n’a encore été présentée pour cette construction, et la municipalité ne peut donc fournir de détails et garantir que cette structure répondra aux exigences du ministère de la Santé et des Services sociaux, qui doit approuver le projet.
La mairesse a notamment soulevé, lors de cette rencontre, la possibilité de réclamer un recours à la Loi sur la santé publique, qui donne, dans certaines circonstances, le pouvoir à l’administratrice en chef des TNO de réquisitionner une propriété publique ou privée, pour assurer la sécurité de résidents. Rappelons qu’un grand nombre de sans-abris de la capitale ne peuvent se réchauffer dans le centre de jour de Yellowknife, qui est contraint à réduire sa capacité maximale afin d’être conforme aux règles d’éloignement physique.
Un nouveau financement
La municipalité, qui jusqu’à tout récemment se fiait au financement du GTNO pour la mise sur pied de ce centre de jour temporaire, s’est vu accorder, le 23 octobre, un montant additionnel de 1,47 million $ du Gouvernement fédéral, dédié à appuyer la population itinérante face à la COVID-19.
Le Conseil consultatif communautaire sur l’itinérance de Yellowknife a donc proposé de puiser dans ces fonds pour faire construire une structure temporaire. Plusieurs parties prenantes, incluant des conseillers municipaux, tiennent à ce qu’il soit érigé au centre-ville, pour que les bénéficiaires y aient facilement accès.
Certains conseillers favorisent toutefois l’utilisation d’un immeuble qui, à leurs yeux, serait mieux adaptée aux besoins des sans-abris qu’une structure temporaire. Le conseiller Julian Morse s’est dit « être dans l’obligation de voter, à contrecœur, pour cette proposition », puisqu’elle serait vraisemblablement la plus rapide à mettre en œuvre.
Des élèves potentiellement à risque
L’immeuble en question, situé à l’angle de l’avenue Franklin, fait face à l’école Saint-Patrick. Plusieurs résidents auraient d’ores et déjà indiqué qu’ils s’opposeront à une telle proximité entre une proportion d’usager potentiellement en état d’ébriété ou intoxiquées, et les élèves de l’école.
Denise McKee, directrice générale du Conseil des personnes handicapées des TNO, l’organisme responsable du Centre de jour de Yellowknife, a elle-même exprimé ses réserves. « Nous accueillons plusieurs personnes autochtones en prise avec des problèmes de consommation », a-t-elle souligné.
« Dans certains cas, les enfants ont dû être séparés de membres de leur famille, a-t-elle ajouté. La proximité du lieu proposé pour le centre de jour risque d’exposer certains usagers à des enfants qu’ils n’ont plus l’habileté ou la permission de voir, a-t-elle expliqué. Certains élèves pourraient alors être exposés à des situations susceptibles de générer une détresse psychologique. »
Michael Fatt, employé du centre de jour de Yellowknife, qui a lui-même connu l’itinérance et l’alcoolisme, a également exprimé ses mises en garde. Se fiant à sa propre expérience,il dit croire que certains usagers en état d’ébriété pourraient vraisemblablement entrainer certains élèves ‘’durs à cuir’’ de l’école secondaire dans des conflits susceptibles de prendre des proportions regrettables.
Mme Chorostkowski a toutefois indiqué que cette option demeure la plus appropriée aux yeux du ministère. Elle a précisé que des mesures additionnelles pourront être apportées pour assurer la sécurité du secteur, dont la construction d’une clôture opaque autour du centre de jour temporaire et l’embauche d’un gardien de sécurité pour surveiller l’extérieur du bâtiment.
Une option présentée en aout par le gouvernement des TNO, soit d’installer ce centre temporaire dans l’édifice qui accueillait jusqu’à récemment le centre jeunesse Side Door, a été rejetée par le conseil municipal, face à une forte opposition de commerçants du secteur. Selon Mme Chorostkowski, le GTNO a étudié 25 options à travers la municipalité; aucune n’a pu être retenue.