Dimanche dernier, les citoyens chiliens se prononçaient pour l'écriture d'une nouvelle constitution au Chili, après 40 ans passés sous l'actuelle constitution adoptée pendant la dictature du général Pinochet. 78 % des votants se sont prononcés en faveur de l'élection d'une Assemblée constituante composée de citoyens pour écrire la nouvelle loi organique du pays.
Alejandro Flores habite depuis janvier 2019 à Halifax avec sa femme et son enfant. Comme citoyen chilien, Alejandro se réjouit de cette bonne nouvelle même s'il regrette de ne pas avoir pu exercer son droit de vote.
"Pour voter à ce référendum, il fallait se rendre au consulat chilien le plus proche, c'est à dire à Montreal et jusqu'à deux jours avant la votation, le consulat n'avait pas reçu l'autorisation d'organiser le scrutin. Ça faisait beaucoup d'incertitudes pour prendre un billet d'avion et se rendre dans l'une des provinces les plus touchées par la pandémie au pays... Je suis d'autant plus satisfait du résultat", explique Alejandro Flores.
La situation au Chili s'est embrasée en octobre 2019 suite à l'annonce de la hausse des tickets de métro de la ville de Santiago et à une nouvelle vague de privatisations. Le Chili a alors vécu une révolte populaire sans précédent. En cause, le modèle ultralibéral instauré pendant la dictature d'Augusto Pinochet, encore en vigueur aujourd’hui et qui a transformé le pays en l’un des plus inégaux au monde. Face aux centaines de milliers de manifestants, le président Sebastián Piñera et son gouvernement ont répondu avec une violente répression héritée de la dictature.
"Moi je suis né l'année de la fin de la dictature, donc je ne l'ai pas connu, mais toutes les personnes au pouvoir depuis, sont liées de près ou de loin à Pinochet, alors c'était pas vraiment la fin de la dictature, c'était une forme moins visible de dictature", raconte Alejandro Flores.
Alejandro a quitté le Chili pour venir étudier au Canada. Ce qui l'a poussé à partir c'est aussi la situation économique du pays.
"Avant Pinochet, les personnes contractaient un emprunt pour acheter une maison, aujourd'hui les gens s'endettent pour manger... Ici, je suis capable d'étudier et de travailler pour payer mes études, au Chili c'est impossible, c'est soit l'un soit l'autre, et si tu choisis les études tu t'endettes pour longtemps", précise Alejandro Flores.
Pour lui comme pour de nombreux chiliens, ce résultat est un signe d'espoir pour toute la jeunesse du pays et un symbole fort après des années de dictature et de doctrine néolibérale qui ont creusé les inégalités et rendu l'avenir incertain pour la grande majorité des chiliens.
"C'est interessant si on regarde les résultats, on se rend compte que les 3 villes qui ont voté en faveur du maintien de la constitution de Pinochet, ce sont les 3 villes les plus riches du pays. C'est à se demander si les gens qui y habitent se rendent compte de ce qu'est la réalité pour la majorité des chiliens", précise Alejandro Flores.
Alejandro Flores était au micro de Oui FM pour parler de ce que symbolise cette votation pour une nouvelle constitution.