Un sondage pour ausculter l’état d’esprit des québécois au temps de la COVID-19

Gros plan d'Ève Cotton en noir et blanc
Ève Cotton, médecin psychiatre et l’une des 20 porte-paroles de l’édition actuelle de La guignolée des médias
Henry Saint-Fleur - CINQ - MontréalQC | 01-12-2020
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Selon un sondage, réalisé à la demande de La guignolée des médias, un Québécois sur trois a dû nourrir un proche depuis le mois de mars. Autre révélation: 27 % des gens sans emploi comptent moins d’un mois d’alimentation assurée. C'est dans le cadre de la 20e édition de La guignolée des médias, qui se déroule actuellement jusqu’au 24 décembre prochain, que ce sondage a été mené par la firme Synopsys et révélé le 30 novembre 2020.

« Il n’y a pas de santé mentale possible sans une sécurité alimentaire de base », signale Marie-Ève Cotton, médecin psychiatre que nous avons rencontrée. Elle est, l’une des 20 porte-paroles de l’édition actuelle.

Ce sondage est ponctué de trois (3) grands thèmes majeurs: lassitude et inquiétude, carence d'aliments de base et médicaments et l’insécurité alimentaire préoccupante.

Lassitude et inquiétude

Illustration: caractères et dessins en blanc sur fond rouge

Illustration no 1 des effets de la COVID-19 sur la population québécoise (Courtoisie La guignolée des médias)

« La fatigue et la résignation s’observent face au contexte actuel de la pandémie» estime, Youri Rivest, président de Synopsis et responsable de l’étude. « En mai, nous avons demandé aux Québécois de définir leur état d’esprit du moment. L’épuisement n’était alors mentionné que par 16 % d’eux. Six mois plus tard, ce chiffre grimpe à 26 %. Et alors que 18 % des Québécois se disaient résignés ce printemps, 23 % le sont maintenant », conclut-il.

« Ces données révèlent que les états d’âme comme l’anxiété, la frustration et la déprime se maintiennent à des taux presque semblables que ce printemps. Même chose pour la perception envers la Covid-19. Ainsi, en mai, 80 % des Québécois la qualifiaient d’inquiétante. Aujourd’hui, 73 % sont encore de cet avis », ajoute-t-il.

Carence d'aliments de base et médicaments

Toujours selon l'analyse des données, ce pessimisme se traduit de façon concrète, car 17 % des participants craignent de manquer de nourriture avant leur prochaine rentrée d’argent. De plus, 12 % n’ont plus de dollars pour acheter des aliments une fois que ceux en réserve sont consommés.

Illustration: caractères et dessins en blanc sur fond rouge

Illustration no 2 des effets de la COVID-19 sur la population québécoise (Courtoisie La guignolée des médias)

Par conséquent, un Québécois sur cinq (17 %) a dû se priver d’aliments de base, 18 % ont été forcés de renoncer à l’achat de médicaments en vente libre ou sous ordonnance et 17 % sont incapables de manger des repas équilibrés. Enfin, Noël pourrait s’avérer difficile pour plusieurs, car 25 % ont peu confiance de pouvoir s’offrir leurs repas préférés durant les Fêtes.

 

Une situation d’insécurité alimentaire préoccupante

Autre constat: « même si les Québécois sont plus nombreux à déclarer des revenus de travail qu’en mai dernier, la situation d’insécurité alimentaire (IA) est très préoccupante », constate Geneviève Mercille, professeur au Département de nutrition de l’Université de Montréal. « Depuis le début de la pandémie, 22 % des participants ont vécu une telle situation, dont 8 % en état grave. Cela indique une réelle privation de nourriture. En comparaison avec les données d’avant-pandémie, la prévalence globale d’IA a doublé et celle d’IA grave a plus que triplé. »

Par ailleurs, ce sondage révèle qu’en matière d’alimentation, les Québécois recourent davantage à des stratégies de frugalité pour composer avec leurs restrictions budgétaires. Ces stratégies sont: le respect rigoureux de leur budget au moment de l’épicerie et la consultation soutenues des circulaires. Il y a aussi une course pour profiter des prix réduits. Le but: faire des réserves et n’acheter que ce qui se trouve sur leur liste d’épicerie.

Illustration: caractères et dessins en rouge sur fond beige nacrée

Illustration no 3 des effets de la COVID-19 sur la population québécoise (Courtoisie La guignolée des médias)

« Pire encore, la honte liée à la faim entraîne souvent des effets psychologiques néfastes. Et chez les enfants, l’insécurité alimentaire peut compromettre leur développement intellectuel et émotionnel », déclare Marie-Ève Cotton.

Rappelons que ces données proviennent d’un sondage réalisé par la firme montréalaise Synopsis Recherche Marketing en collaboration avec l’agence de communication 180Deux pour La guignolée des médias. Ce sondage en ligne a été mené du 13 au 16 novembre 2020 auprès d’un échantillon de 1000 adultes québécois.

 

Veuillez cliquer sur le lecteur pour écouter l'entrevue :