Cette semaine, la province de la Colombie-britannique a publié les résultats de son étude et sa stratégie pour le développement du transport dans le sud de l'île de Vancouver. Une stratégie à minima qui met l'accent sur l'amélioration des réseaux et moyens de transports en commun et actif, et oublie le train et les voies maritimes.
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Il aura fallu attendre près de deux ans pour que les experts du ministère des Transport et de l'infrastructure dévoilent une étude qui, selon beaucoup d'élus locaux du Grand Victoria, manque d'envergure, ne liste aucune opération d’investissement claire et conséquente et ne réponds pas aux problématiques actuelles et futures.
Cette planification est d'autant plus importante que la population du sud de l'île de Vancouver devrait augmenter de plus de 23% au cours des deux prochaines décennies,et qu’aujourd’hui, sur plus d'un million de déplacements quotidiens effectués par les habitants de la région de la capitale, près de 70% le sont en voiture.
Pour réduire la dépendance vis-à-vis des véhicules individuels et soutenir les objectifs environnementaux contenus dans le plan CleanBC, la province compte s’appuyer principalement sur l'élargissement du réseaux existant de transport en commun et sur le développement des infrastructures de transport actif.
Problème, selon notre invité, Daniel Arbour, directeur au district régional de Cowichan Vallée et membre du comité directeur de la Island Corridor Foundation, ces initiatives relèvent de la compétence des échelons de gouvernement inférieurs, dans lesquelles elles investissent déjà massivement.
La liste des stratégies à long terme devait par ailleurs explorer le potentiel du train de banlieue sur le Island Rail Corridor entre Westhills et Victoria et la viabilité des futurs couloirs de transport maritime.
Bien que l'itinéraire du projet de traversier maritime Victoria-Colwood soit indiqué sur une carte dans le document proposé par la province, le maire de colwood, Rob Martin, s’est dit très déçu que le projet de traversier ne soit pas retenue comme axe de travail prioritaire : «Royal Bay se développe maintenant. Si nous ne lançons pas ce projet maintenant, il deviendra incroyablement difficile de le faire dans 10 à 15 ans, lorsque le front de mer sera déjà construit », a déclaré M. Martin.
Pour rappel, le projet initial comprend une desserte maritime triangulaire qui pourrait transporter jusqu'à 300 passagers de Royal Bay Beach vers Esquimalt et le port intérieur de Victoria en moins de 20 minutes.
Autre grand déçu, la Island Corridor Foundation, qui milite depuis de nombreuse années pour la réhabilitation du chemin de fer, et proposait la réhabilitation des six petites gares du Grand Victoria pour servir un projet de connecteur trans urbain, ou encore la création d’un train intercités sur le rail existant qui permettrait le désenclavement des villes du centre et du nord de l'île, tout en favorisant la réduction du trafic du fret routier.
Un projet qui contribuerait à retirer des milliers de voitures de la route et à atténuer certains des problèmes de circulation, comme le tristement célèbre col de cygne de Colwood sur la transcanadienne.
En effet, la congestion sur les axes routiers principaux et secondaire demeure un défi de taille: selon l'étude, en 2019, un voyage en voiture de Mill Bay à Victoria prenait entre 43 et 66 minutes aux heures de pointe. Avec une la croissance démographique attendue, d'ici 2038, ce même trajet prendrait entre 87 et jusqu'à 144 minutes selon les conditions du trafic routier.
Daniel Arbour souligne par ailleur les disparités entre les niveaux d'investissement de la province selon les régions, rappelant que le gouvernement sortant du néo-démocrate John Horgan va attribuer 480 millions de dollars par kilomètre pour l'extension de la ligne Skytrain à Vancouver, entre Broadway et l'université de la Colombie-britannique.
Toutefois, des améliorations ont été identifiées à court terme, et portent notamment sur la création de plus de bornes de recharge pour véhicules électriques, de casiers à vélos dans des endroits clés de la communauté, et l'aménagement de nouveaux parcs dans le district régional de la capitale (CRD) et dans le district régional de Cowichan Valley (CVRD).
La province veut par ailleurs encourager la croissance des sentiers interrégionaux dans ces deux régions, ajouter des voies réservées aux autobus sur l'autoroute et apporter des améliorations aux arrêts de transport en commun desservant les communautés autochtones.
L'étude constate aussi que 5% de tous les déplacements quotidiens dans la région de la capitale se font à vélo. Aussi, le ministère s'est engagé à continuer d'investir dans des projets d'amélioration des routes, ponts et échangeurs afin qu’ils soient conçus et construits en tenant compte de la sécurité et de la commodité du transport actif.
Et si, comme le rappelle notre invité, les résultats de cette étude ne sont pas à la hauteur des attentes, il est certain qu’en cette période de campagne électorale, les candidats ne manqueront pas d'être sollicités par les représentants des gouvernements locaux, qui continuent d'espérer des projets d'ingénierie de plus grandes ampleurs en faveur du transport de demain.
Bonne écoute.