Racisme : des vœux pieux ou des gestes concrets

Illustration sur laquelle nous voyons des mains de toutes les couleurs de peau tenir des pancartes sur lesquels est écrit «Stop au racisme, fin au racisme anti-noir, non à la discrimination raciale, emploi sans racisme, inclure pas exclure, la réconciliation maintenant»
Lancée pour la première fois en mars 2000, la Semaine d’actions contre le racisme (SACR) s’inscrit dans le cadre des événements annuels visant à souligner la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale célébrée le 21 mars. » Crédit : (Site internet de l'Alliance de la Fonction publique du Canada)
Fernand Ackey - CHIP - PontiacQC | 24-03-2021
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Le 21 mars 1960, à Sharpeville en Afrique du Sud, 69 personnes ont été tuées et 180 autres blessées lorsque les policiers ont ouvert le feu lors d’une manifestation non violente contre la réglementation sur les laissez-passer instaurée par le régime d’apartheid. Six ans plus tard, l'Assemblée générale des Nations Unies proclamait le 21 mars « Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale».

Ça fait des lustres qu'on parle de combattre le racisme. Qu'en est-il aujourd'hui au Canada et au Québec ? Chaque fois qu'un événement raciste est médiatisé, les gens s'indignent, monte aux barricades et le politique nous promet des mesures. Mais généralement, toutes ces bonnes intentions retombent comme un soufflé et la vie continue sans grand changement.

Sommes-nous prêts maintenant pour un véritable virage égalitaire ? Les morts tragiques de George Floyd aux États-Unis et de Joyce Echaquan à l'Hôpital de Joliette, semblent avoir ébranlé les Canadiens et les Québécois plus profondément que par le passé. La facilité avec laquelle les technologies de communication permettent à tout un chacun de signaler un événement déplaisant ou même brutal ne permet plus l'ignorance. Peu importe qu'on s'accorde ou non sur la définition, le racisme existe. S'il n'existait pas, on n'en parlerait tout simplement pas.

Cela étant établi, qu'est-ce qu'on fait ? Le racisme est un mal sourd dont une personne peut être atteinte sans vraiment s'en rendre compte. Le racisme ne se manifeste pas seulement à travers les interpellations plus fréquentes des Noirs par la police, ou par les taux disproportionnés de Noirs ou d'Autochtones dans le système carcéral. C'est beaucoup plus subtil chez la plupart des gens. Les remarques et les images emmagasinées depuis toujours ont créé un « portrait » des Noirs, des Autochtones, des Asiatiques qui influence le jugement et les attitudes de façon inconsciente. Si ce « portrait » n'est pas reconnu et modifié, le racisme endémique restera là. Certaines organisations ont commencé à s'intéresser sérieusement au sujet. L'Association des écoles de sciences infirmières a publié un énoncé contre le racisme et le congrès annuel de la Société canadienne de sociologie qui se tiendra à l'Université de l'Alberta en mai aura pour thème Combattre le Racisme et le Colonialisme, pour ne nommer que deux exemples.

Dans un communiqué de presse de février, le ministre de la Justice et procureur général du Canada David Lametti nous informe que : Le gouvernement du Canada annonce des mesures pour assurer la sécurité des collectivités, combattre le racisme systémique et rendre notre système de justice pénale plus efficace pour tous les Canadiens. Les réformes que nous proposons sont essentielles pour éradiquer le racisme et la discrimination systémiques dans le système de justice, tout en assurant la sécurité des Canadiens et des Canadiennes. Nous tournons la page sur des approches inefficaces qui ont nui de façon disproportionnée aux Autochtones, ainsi qu’aux personnes noires et issues de communautés marginalisées.

Mais pour la majorité des gens, que se passe-t-il ? Les préjugés se manifestent le plus souvent dans le milieu de travail. À cet effet, la firme-conseil Deloitte vient de publier un rapport des plus intéressants, Les Noirs au Canada — Reconnaître notre passé, assumer notre présent et changer notre avenir. Les auteurs font un survol de la situation, et surtout, offrent une approche pratique et applicable en milieu de travail, un peu partout. C'est une lecture éclairante pour qui veut vraiment combattre le racisme et les préjugés.

On ne change malheureusement pas les mentalités avec un coup de baguette. Ça prend du temps. Il faut profiter de la conjoncture présente pour bien planter l'idée de l'égalité raciale. C'est avec une prise de conscience collective et une détermination qui résistera à l'usure du temps que nous parviendrons à une collectivité plus juste qui accepte, comprend et apprécie l'autre à sa juste valeur.

Notre journaliste Fernand Ackey s'est entretenu avec plusieurs personnalités et organismes pour discuter des enjeux liés au racisme systémique et aux dialogues des culturelles.

Entretien avec Guy Matte, directeur général de la fondation canadienne pour le dialogue des cultures, il était au micro de Fernand Ackey