Dévoilé fin mai, après plusieurs semaines d’attente, le plan de relance économique et sociale des TNO a obtenu des réactions mitigées de la part de la communauté d’affaires et des élus.
La première ministre Caroline Cochrane dévoilait, le 31 mai, une ébauche de la stratégie de relance économique et sociale des TNO, qui devra orienter les efforts du gouvernement pour les années à venir. Le document Une reprise en force — en anglais Emerging stronger — s’inscrit ainsi en complément du mandat initial de la 19e Assemblée législative des TNO, établis en 2019, en y incluant les nouvelles priorités imposées par la pandémie.
Dans ce document à large portée, la révision des politiques de la société d’habitation, le déploiement accéléré de l’internet haute vitesse à travers le territoire, ou encore, l’amélioration du programme d’aide au revenu sont inclus aux côtés des efforts à entreprendre pour relancer et diversifier l’économie du territoire. Parmi les priorités établies en 2019, certaines sont modifiées, d’autres, nouvelles.
Ce « document vivant », comme l’a décrit Mme Cochrane, qui inclut une liste d’objectifs et d’échéanciers qui s’étendent jusqu’à 2024, demeure une ébauche. « Une analyse approfondie permettra de faire ressortir un maximum de leçons et d’en tirer profit pour guider le gouvernement dans ses décisions lorsque la pandémie tirera à sa fin et que nous en comprendrons mieux l’ensemble des effets », y lit-on.
Cette ébauche ne décrit pas de réponses à court terme, auxquelles pourraient s’attendre, par exemple, certains secteurs du milieu des affaires en quête de solutions rapides pour affronter les prochaines semaines de restrictions. « Il est nécessaire de s’attaquer à ces défis structurels à long terme, plutôt que de se concentrer exclusivement sur les appuis à court terme destinés à maintenir ou à rétablir le statuquo économique, afin de promouvoir une croissance économique stable et inclusive », indique le plan.
La chambre déçue
Dans un communiqué de presse émis le 3 juin, la Chambre de commerce de Yellowknife déplore que « cette ébauche ne fournisse pas de plan d’action pour soutenir l’avenir économique des TNO », et qu’elle « échoue à inspirer confiance en la capacité de ce gouvernement à soutenir la relance économique pour la communauté d’affaire de Yellowknife ».
En entrevue, le président, Tim Syer nuance ces propos en qualifiant le plan de « bonne première ébauche ». Il déplore toutefois que cette stratégie néglige des éléments cruciaux. « Je croyais qu’il s’agirait d’un plan de relance économique, et je ne m’attendais pas à y voir l’ensemble des éléments de relance sociale, tempère-t-il. Je conviens que ces deux aspects sont interreliés, mais, en élargissant à ce point la portée de ce plan, les auteurs n’ont pas été en mesure de mettre suffisamment l’accent sur les enjeux économiques. »
Le point de vue est tout autre au Conseil de développement économique des TNO (CDÉTNO). Le directeur général, François Afane, se réjouit que ce plan ratisse large et inclue tous les secteurs affectés. « J’en ai discuté avec l’équipe, nous trouvons ce plan simple, ambitieux et très intéressant, énumère-t-il. On y couvre les aspects sociaux, communautaires, gouvernementaux, médicaux, économiques, et même la formation. C’est un plan complet, assez ambitieux, mais qui est le bienvenu. »
Selon lui, la « vaste majorité » de la membriété du CDÉTNO, issue, notamment, des secteurs de la construction, du tourisme, du service à la clientèle ou de la vente, est satisfaite du document. « Est-ce que tout le monde est satisfait ? Non. Mais c’est un plan qui ratisse large et qui couvre l’ensemble des secteurs de notre économie. »
« Ça ne suffit pas »
Le sujet aura clos la dernière session de l’Assemblée législative. Le 4 juin, des députés ont exprimé leurs réserves face à un plan qui, à leurs yeux, manque de détails.
« Après un an, les TNO attendaient un plan en or pour guider le territoire vers une reprise économique, a affirmé la députée de Kam Lake, Caitlin Cleveland. Les résidents des TNO s’attendaient à un document qui détaillerait des actions précises avec des budgets et des échéanciers. Souligner de façon large dans quels secteurs le gouvernement souhaite concentrer ses efforts ne suffit pas. »
Pour le député de Yellowknife Nord, Rylund Johson, ce plan témoigne d’une tendance du gouvernement à éviter tous risques de mécontentement, en se limitant à un plan qui, selon lui, « ne dit pratiquement rien ». Il déplore notamment qu’aucun engagement budgétaire n’y soit inclus. « Nous avons adopté en chambre cette semaine des dépenses de 5 750 000 $ pour le tourisme. Pourquoi ne pas l’avoir inclus dans le plan ? », a-t-il demandé.
Pour sa part, la députée de Thebacha, Frieda Martselos, n’a offert que de bons mots, pour une approche qu’elle juge équilibrée entre le développement économique et le développement de programmes sociaux.
« Nous devons nous assurer de créer un équilibre, a-t-elle affirmé. C’est la seule manière pour nos résidents d’aller de l’avant. C’est la seule façon de créer de l’emploi, pour nous assurer que nos concitoyens auront du pain sur la table. C’est tout ce que réclament la majorité des citoyens. »