Sans surprise, la motion d’exclusion de Katrina Nokleby du conseil des ministres a été adoptée à la quasi-unanimité par les députés de l’Assemblé législative, seule la principale intéressée s’y est opposé. Le député de Nunakput, Jackie Jacobson, s’est quant lui abstenu.
Dans la foulée, des détails ont finalement été révélés par la première ministre Caroline Cochrane quant à la nature du différend avec la députée de Great Slave : plusieurs employés de la fonction publique auraient été la cible « d’opinions personnelles négatives, dégradantes et potentiellement nuisibles » de la part de Mme Nokleby. « Ceci met le gouvernement légalement à risque, en plus d’être injuste pour les employés qui ne sont pas en mesure de se défendre, dans ce rapport de pouvoir inégal », a déclaré la première ministre dans l’enceinte de l’Assemblée.
« Lors de notre rencontre finale en tête à tête, la ministre Nokleby n’a assumé la responsabilité d’aucun de ses gestes, m’a blâmé pour tous les problèmes encourus, a refusé d’écouter mes commentaires, et a fait une déclaration extrêmement inappropriée à propos d’un employé de la fonction publique, ce qui a confirmé mon manque de confiance à son égard, et ma décision de lui retirer immédiatement ses portefeuilles », a rapporté la première ministre.
« Plusieurs tentative infructueuses de traiter directement de mes préoccupations avec la ministre Nokleby se sont soldées de manière répétées à des échanges durant lesquels moi-même et nos employés avons été la cible d’une ministre grossière et irrespectueuse qui criait, se fâchait et employait un langage vulgaire », a-t-elle également souligné.
Comme l’on corroboré certains membres de l’Assemblée législative, la ministre aurait également entretenu des relations tendues avec des députés et les ministres. « Nous pouvons tous être frustrés, même fâchés, a admonesté Caroline Cochrane. Or, les crises de colère continuelles de la ministre lors de rencontres, alors qu’elle sortait précipitamment de ces conférences, en refusant d’entendre ses collègues, ne sont pas productives et ne reflète pas le genre de relation dont nous avons besoin pour nous pencher sur les préoccupations et les besoins des résidents. »
Les problème reprochées à la ministre qui ont menés Mme Cochrane à cette décision finale incluent des interactions avec des fonctionnaires, des ministres et des députés, mais incluent également les performances de Mme Nokleby, qui était « incapable de gérer ses ministères »,selon Mme Cochrane. On met notamment en cause des réponses que la ministre aurait beaucoup trop tardé à fournir, tant aux députés, qu’au public et aux entreprises affectées par la crise pandémique.
« L’échec de la ministre à répondre dans un délai acceptable peut, et a d’ailleurs causé un tort considérable à nos relations intergouvernementales », a affirmé Mme Cochrane. Certains députés ont entre autres reproché à Mme Nokleby sa façon de traiter avec les gouvernements des premières nations, dans le cadre de projets d’infrastructure majeurs.
La ministre Nokleby a d’abord fait face, le 27 mai, à une motion de censure du conseil des ministres, déposée à l’Assemblé législative par le député Steve Norn. Cette motion a été levée le 29 mai, avant d’avoir été débattue. Selon Caroline Cochrane,Mme Nokleby n’aurait ensuite démontré aucune volonté d’améliorer son comportement et ses performances.
Nokleby nie en bloc
De son côté, Katrina Nokleby a rejeté l’ensemble des reproches qui lui ont été adressés en chambre. La députée de Great Slave explique la situation dont elle se dit victime par une « culture toxique » de la confidentialité, qui l’aurait empêché de se défendre. « La culture toxique du secret a mené au dénigrement de mon caractère et de mon professionnalisme, en ne permettant pas de réagir, de répliquer ou de me défendre, a-t-elle soutenu. Je suis déçu d’avoir été injustement réprimandée sans procédure appropriée, sur la base de simples ragots, de ouï-dires, de rumeurs et de personnes contrariées. »
« Je vais simplement réitérer, contrainte par cette culture du secret, que cette décision a beaucoup plus à voir avec les autres qu’elle n’a à voir avec moi-même ou mes performances pour le travail que j’ai accompli pour les résidents des TNO », a-t-elle ajouté.
« Je rejette l’idée qu’un gouvernement de consensus nécessite un niveau aussi extrême de confidentialité, a-t-elle également avancé. Le secret et l’allusion sont la marque de la corruption et des transactions en coulisse, et non pas celle du gouvernement transparent et responsable que mérite le public. »
Un processus remis en question
La question de la confidentialité des décisions prises en gouvernement de consensus a été soulevée par plus d’un député durant la séance. Certains ont mentionné le mécontentement de nombreux résidents, qui ont déploré n’avoir obtenu aucun détail sur les circonstances ayant menés Caroline Cochrane à retirer ses portefeuilles à la ministre.
Le député de Tu Nedhé-Wiilideh, Steve Norn, a parlé de « mauvaises habitudes » héritées des gouvernements précédents. « Nous avons pu le constater avec la réaction du public : nous avons mal fait notre travail pour expliquer ces processus à nos résidents. […] Les temps ont changé et nous le devons aussi. On ne peut continuer de gouverner dans l’ombre de rencontres confidentielles, et s’attendre du public qu’il comprenne comment nous en sommes venus à nos décisions. »
À part elle-même, aucun membre de l’Assemblé ne s’est opposé à l’exclusion de Mme Nokleby du conseil des ministres. Le député de Nunakput, Jackie Jacobson, s’est abstenu de voter, affirmant ne pas disposer de suffisamment d’informations sur la situation pour prendre position. Certains députés ont exprimé leur ouverture à collaborer avec Mme Nokleby à titre de simple députée.