Charlie Dan Roach a grandi à Point Cross, un district de Chéticamp au Cap Breton aux années 1950, une époque où le standard de vie local était passablement différent qu’il ne l’est aujourd’hui. Plusieurs des luxes et conforts que nous prenons présentement pour acquis n’existaient pas en ces temps -là.
Un Noël très spécial demeure bien gravé dans sa mémoire, soit celui de l’année 1955. Cette année-là, son père travaillait dans l’industrie de la coupe du bois et était demeuré au camp le temps des Fêtes pour prendre soin des chevaux. Sa mère apprit calmement la nouvelle aux enfants quelques jours avant Noël. Pour essayer de les consoler, sa mère leur fit la promesse de les amener à la messe de minuit.
Cette année-là, le temps hivernal s’était installé tôt dans la saison, mais la veille de Noël fut une journée superbe. Tout le monde savait qu’il s’en venait un gros vent du sud-est pour le matin de Noël mais il n’était pas attendu avant vers les trois heures. En soirée, la mère de Charlie Dan Roach décida qu’ils ne prendraient pas le risque de se rendre à l’église. Le vent du sud-est avait déjà gagné beaucoup de force et il se mit à neiger.
À peine étaient-ils au lit que quelqu’un s’en vint frapper à la fenêtre de la chambre de sa mère. Cette dernière se leva pour ouvrir la porte et toute une bande se mit à entrer. Ils étaient tous des gens de Plateau pris dans la tempête.
Charlie Dan Roach nous explique la suite des choses :
« Ce fut toute une surprise pour nous les enfants, en descendant l’escalier, de découvrir la maison pleine de monde. Vingt-deux personnes allaient passer Noël chez nous. C’était la fête avec des gens qui racontaient des blagues et des histoires pour faire rigoler les autres. Il y eut beaucoup de chants, des cantiques de Noël et des vieilles chansons d’Acadie. De temps en temps durant la nuit, les plus âgés et les jeunes enfants se partageaient les quelques lits disponibles pour sommeiller un peu. Nourrir toutes ces gens représentait tout un défi. Les pâtés à la viande et les tartes aux pommes furent vite consommés. À chaque automne, Maman serrait en conserve de la viande de chevreuil et des légumes périssables. Nous avions aussi de grandes quantités de pommes de terre et de légumes non-périssables emmagasinées à la cave. Ces réserves de manger furent très utiles pour bien nourrir tout le monde. »
M. Roach ajoute qu’au lever du jour, on ne voyait encore ni ciel ni terre à l’extérieur. Les plus âgés et les enfants demeurèrent donc chez lui toute la journée. La tempête ne commença à se calmer que vers sept heures en soirée. Alors les hommes vinrent à travers les champs avec leurs chevaux et traineaux chercher leurs familles.
Charlie Dan Roach précise que c’est ainsi qu’un Noël qu’ils avaient craint serait plutôt triste et ennuyeux avait fini par être une merveilleuse journée vécue avec amis et voisins dans une atmosphère de partage, de plaisir et de joie. L’année 1955 demeurera toujours bien ancrée dans sa mémoire comme l’année où ils avaient vraiment vécu l’esprit de Noël.
Charlie Dan Roach nous partage ici les souvenirs d’un Noël très spécial qui demeure bien gravé dans sa mémoire, soit celui de l’année 1955 :