La première ministre Caroline Cochrane a dévoilé, le 28 mars, une lettre cosignée avec ses homologues du Yukon et du Nunavut, Sandy Silver et P.J. Akeeagok, envoyée au premier ministre du Canada Justin Trudeau au début de l’invasion russe en Ukraine. Les signataires se disent « de plus en plus préoccupés par la défense et la sécurité de l’Arctique », une région que partage le Canada avec l’ensemble des nations circumpolaires, incluant la Russie.
Les premiers ministres réclament notamment une conférence téléphonique pour discuter de la sécurité et de la souveraineté de l’Arctique. « La volonté de la Russie de poursuivre ses objectifs aux dépens du peuple ukrainien est une menace pour la sécurité mondiale, y compris notre coopération dans l’Arctique », peut-on lire dans la lettre, envoyée le 2 mars à Ottawa.
« Les premiers ministres du Nord considèrent la récente agression de la Russie comme une menace à la santé des collectivités arctiques et aux valeurs de paix et de coopération qui guident les affaires arctiques », ajoutent les premiers ministres. Ces derniers soulignent notamment les efforts dirigés de la Russie vers la zone arctique au cours des dernières années.
« Dans l’histoire récente, la Russie s’est lancée dans un programme ambitieux pour renforcer sa présence dans l’Arctique, incluant la construction de nouveaux ports et infrastructures, ainsi que l’expansion de sa flotte de brise-glaces et sa présence militaire, lit-on. Alors que les investissements et les intérêts mondiaux de la Russie poursuivent une croissance, nous craignons que l’agression de la Russie ne se présente inévitablement dans les affaires de l’Arctique ».
Inclure le Nord aux décisions
Le 28 mars, Mme Cochrane a indiqué à l’Assemblée législative avoir assisté en mars à une réunion d’information confidentielle avec des responsables « au plus haut niveau des branches militaires, de sécurité et de renseignement du gouvernement fédéral ». La première ministre a notamment rencontré la ministre de la Défense nationale, Anita Anand, pour discuter de la souveraineté et la sécurité de l’Arctique et « des manières de travailler ensemble plus étroitement à l’avenir ».
Aux yeux des dirigeants du Nord, selon Mme Cochrane, l’ouverture des voies maritimes provoquée par les changements climatiques, ainsi que les ressources du Nord, suscite l’intérêt de puissances mondiales comme la Russie, la Chine et les États-Unis. « Il est primordial pour les habitants du Nord que nous participions aux décisions qui ont une incidence sur le Nord », a-t-elle fait valoir à l’Assemblée.
Le Conseil de l’Arctique en zone grise
Les premiers ministres du Nord soulignent également leurs appréhensions pour les travaux du conseil de l’Arctique, qui rassemble l’ensemble des nations circumpolaires, et qui est actuellement présidé par la Russie. « Une violation aussi flagrante du droit international remet en question la possibilité de coopération entre les membres du Conseil, d’autant plus que la Russie le préside jusqu’en mai 2023 », écrivent les signataires.
« En tant que partenaires clés du réseau canadien au conseil de l’Arctique, les premiers ministres du Nord appellent le gouvernement canadien à reconnaitre que la coopération au Conseil de l’Arctique est compromise, étant donné les réalités actuelles, peut-on lire. L’agression russe en Ukraine démontre l’ambition [du Kremlin] de sécuriser son propre pouvoir et dépend des autres. »
Dans une seconde lettre adressée au président du conseil de la Fédération, le premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan, les trois premiers ministres signataires réclament de considérer la souveraineté et la sécurité de l’Arctique comme un point à l’ordre du jour [de la] prochaine réunion. Le conseil de la Fédération rassemble les premiers ministres des 13 territoires et provinces du Canada.