L’impact de Jackie Vautour sur le militantisme acadien

Jackie et sa femme Yvonne devant leurs maisons
Jackie Vautour et sa femme, Yvonne. Photo: Oldmaison
Pierre Duguay-Boudreau - CKUM - MonctonNB | 10-02-2021
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur email
Partager sur print

Fier bastion de la résistance acadienne, Jackie Vautour s'est éteint le dimanche 7 février à l'âge de 92 ans. Derrière lui restera la bataille d'un avide combattant immortalisé dans les récits, les chansons et les livres d'histoire.

Plusieurs reconnaissent Vautour par son immortalisation dans la musique acadienne. Entre autres, Zachary Richard lui a rendu hommage au sein de la chanson La ballade de Jackie Vautour. Également, le groupe Zéro degré Celsius mentionne le militant acadien dans le même souffle que Crazy Horse, Beausoleil Broussard et Louis Riel dans leur chanson Petitcodiac, plus tard reprise par le groupe Ode à l'Acadie.

Cette dernière référence est importante pour certains. Comme pour Alexandre Cédric Doucet, président de la SANB, qui considère Jackie Vautour comme le « Louis Riel acadien ».

« Jackie s'est battu d'A à Z tout le long de sa vie, jusqu'à ses derniers moments il était encore à la cour d'appel devant les tribunaux pour faire valoir ses points. Il a toujours été un exemple de résilience. J'espère qu'on va trouver un moyen pour que les générations s'en souviennent », mentionne le président de la SANB.

Vautour était atteint d'un cancer du foie et d'une pneumonie lors de son décès.

Une histoire parfois oubliée

En 1969, le gouvernement fédéral de Pierre Elliott Trudeau fait l'annonce de la création du parc national Kouchibougouac. Ce dernier devait s'étaler de pointe-sapin à Petite-Aldouane. Mais, pour que le parc puisse être irrigué, plus de 250 familles devaient se faire exproprier. Cette demande était absolue de la part de Jean Chrétien, à l'époque ministre des affaires indiennes et du Nord canadien.

À la fin des années 1960, les habitants du comté du Kent comptaient parmi les plus pauvres au pays. La majorité d'entre eux vivait de la pêche ou de l'agriculture. Bien qu'initialement, plusieurs étaient ouverts à l'idée de l'expropriation en échange d'une compensation, la joie n'a pas duré.

Certaines familles criaient injustice. C'était d'ailleurs de cas de Jackie Vautour qui était la voix la plus proéminente de ce mouvement. Ce dernier refusait la compensation fédérale et surtout, étant d'origine métisse, l'abandon de ses droits de pêche ancestraux. C'est ainsi que débuta le combat d'une vie pour le résident de Claire-Fontaine.

Jackie Vautour vêtu d'un manteau de pluie à côté de la fameuse pancarte située sur son terrain

Jackie Vautour (Photo: Archive Les Rendez-vous du cinéma québécois)

Alors que près de 1200 personnes furent expropriées avec succès, la maison des Vautours était toujours debout au désarroi du gouvernement provincial. Ce dernier se devait de vider le territoire qui deviendrait le parc Kouchibougouac pour recevoir l'argent promis par le gouvernement Trudeau. C'est ainsi qu'en 1976, la demeure des Vautours fut démolie devant les yeux consternés de l'Acadie.

Le gouvernement provincial envoie alors les vautours dans un motel, ou la famille se barricada pour quelques mois. Après ce protêt, les vautours sont accordés la permission de retourner sur leurs terres, maintenant en plein coeur du parc national Kouchibouguac. Jackie et sa femme Yvonne, sont restés dans cette maison, sans électricité pour la grande majorité de leur vie.

Ceux qui fréquentent le parc aujourd'hui sont encore confrontés à la maison des Vautours, qui demeurent un sombre rappel de la bataille des expropriés au courant des années 1970.

Pour l'entrevue complète avec Alexandre Cédric Doucet, président de la SANB, au sujet de l'impact de Jackie Vautour sur le militantisme acadien: