Une semaine après l’entrée en vigueur du port obligatoire du couvre-visage dans la région du Bureau de santé Porcupine, les résidents se sont tranquillement adaptés à leur nouvelle situation sans de problème majeur.
Lorsque le gouvernement Ford a dévoilé sa phase 3 de son plan de déconfinement de la province, une mesure a retenu particulièrement l’attention. Contrairement au Québec qui a rendu le port du masque obligatoire partout dans la province, l’Ontario a décidé de ne pas se prononcer sur le sujet laissant plutôt le pouvoir aux municipalités et aux Bureaux de santé d’établir leurs propres règles selon leur situation régionale. À la suite de cette annonce, plusieurs débats à travers le nord ont rapidement fait surface. De nombreux intervenants remettaient en question la pertinence d’obliger le masque dans une région qui n’a que très peu de cas.
Malgré tout, la ville de Sudbury a rendu obligatoire le masque à partir du 8 juillet et plusieurs autres conseils municipaux considéraient de suivre leur exemple avant même l’annonce du premier ministre Ford. Lors de leur rencontre du 14 juillet, l’administration de Timmins devait d’ailleurs débattre la mise en place d’une réglementation similaire à Sudbury, mais la ville n’a finalement pas eu besoin de le faire. Le Bureau de santé Porcupine a informé le conseil par courriel qu’une obligation dans toute la région allait entrer en vigueur le 23 juillet. En plus du Bureau de santé de Porcupine, ceux de North-Bay-Parry Sound et d’Algoma entre autres ont établi la même mesure sur leur territoire dans le reste du Nord-Est.
Une clause échappatoire au nouveau règlement
Lors de leur annonce officielle, le Bureau de santé Porcupine a signalé que le port du masque sera obligatoire dans tous les lieux publics intérieurs de leur région et que la mesure en question entrerait en fonction la semaine suivante. Selon le Bureau, un foulard ou un bandana pouvait remplacer un masque s’il englobe au complet le nez, la bouche et le menton. Certains citoyens ont toutefois été exclus de cette obligation. Par exemple, les enfants de moins de deux ans, les personnes ayant des problèmes médicaux comme des difficultés respiratoires et ceux qui ne peuvent pas enlever leur masque sans l’aide de quelqu’un d’autre n’ont pas à porter un couvre-visage. Pour la docteure Lianne Catton, cette mesure était inévitable pour prévenir la propagation avec la montée grandissante des interactions entre résidents causée par la troisième phase du déconfinement.
Au cours de leur téléconférence, le Bureau a également mentionné qu’il allait se fier à la bonne foi des citoyens de la région pour déterminer s’ils font partie des exclus. Plusieurs personnes ont cependant vu en cette ouverture du Bureau une potentielle clause échappatoire puisqu’il n’existe pas de carte pour prouver si un résident a réellement un problème respiratoire ou pas. De nombreux observateurs croyaient que certains citoyens pourraient tenter d’exploiter cette exception pour ne pas avoir à porter de masque.
Une annonce initialement mitigée
Au niveau de la réaction du public, les opinions étaient assez diverses parmi la population. Une bonne partie comprenait la mesure et la supportait, mais plusieurs personnes étaient fortement en désaccord. Quelques jours avant le 23 juillet, une manifestation de quelques résidents contre le port du masque obligatoire a même été tenue en face des bureaux de Porcupine à Timmins. L’organisatrice Annabelle Laferrière ne croyait pas que cette mesure était nécessaire et, selon elle, le Bureau de santé a dépassé les limites de ses pouvoirs.
Maintenant, une semaine après le début de l'obligation, aucune autre manifestation ou contestation n’a été organisée à travers la région. Les résidents ont unanimement décidé de porter des masques, malgré que certains ne voulaient pas initialement le faire. Pour l’instant, il n’y a pas eu de problème majeur signalé par rapport au port du couvre-visage. Même s’il n’y a eu que cinq cas répertoriés dans la région du Bureau de santé Porcupine depuis le mois de mai, la communauté a choisi de suivre les recommandations sanitaires de leurs experts à la lettre.