L’Association des pêcheurs demande l’annulation de la pêche au crabe

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Annuler la pêche au crabe et soutenir les pêcheurs jusqu’à la saison de pêche 2021, c’est l’essentiel de la proposition de l’Association des pêcheurs de la Basse-Côte-Nord (LNSFA) adressée à Pêches et Océans Canada et au ministère de l’Agriculture.

L’Association des pêcheurs de la Basse-Côte-Nord veut éviter d’exposer ses membres à la COVID-19 et qu’ils deviennent une source de contamination pour la région.

Dans un document étoffé de 13 pages, l’association explique en long et en large les risques que représenterait la tenu de la pêche au crabe pour la Basse-Côte-Nord.

L’Association souhaitait s’assurer que leurs interlocuteurs des deux paliers de gouvernement comprennent bien la réalité des coasters.

«L’industrie de la pêche ce n’est pas pareil sur la Basse-Côte-Nord que dans le reste de la région, soulignait vendredi matin Paul Nadeau en entrevue avec la radio CJTB. C’est notre première industrie en importance et lorsqu’on décolle la pêche, ça crée beaucoup plus de circulation dans la région.»

Situation

Comme l’explique la LNSFA dans son document Situation de la pêche sur la Basse-Côte-Nord, le début de la saison de pêche au crabe rime avec circulation et concentration de travailleurs à Kegaska.

Avec environ une trentaine de bateau avec un équipage moyen de 4 personnes, cela représente 120 pêcheurs installés à Kegaska pour les sept semaines que durent la pêche, selon les taux de capture et les conditions de la météo.

Comme le rappelle Paul Nadeau, les pêcheurs n’ont plus accès à aucune installation sanitaire au port de la communauté qui compte en temps normal moins de 130 habitants.

«Compte tenu de cette situation particulière, certains changements majeurs devraient être effectués pour être prêts pour cette saison de pêche avant que le niveau de risque de propagation du virus ne soit abaissé à un niveau acceptable», précise l’association par communiqué.

Le risque de contamination ne se limite pas aux équipages et à la communauté de Kegaska. Les usines de transformations d’Harrington Harbour et de St-Paul’s River embauchent près de 150 travailleurs dont certains proviennent du Labrador et se déplacent dans la région pour la saison de pêche.

«Compte des restrictions réelles et des dispositions en matière d’hébergement dans certains cas, cela entraîne un autre niveau de difficultés et des retards avec les exigences de quarantaine en cas de voyage.» poursuit la LNSFA.

Avec les consignes de distanciations sociales en vigueur et la nécessité, la pêche au crabe risquerait d’être caractérisée par des délais plus importants également auprès des acheteurs de la Moyenne-Côte-Nord qui doivent opérer avec des effectifs réduits.

Comme le rappelle l’Association des pêcheurs de la Basse-Côte-Nord, la pêche au crabe ne peut pas s’accommoder de retards. La pêche doit normalement s’arrêter avec la mue des crabes et la présence de baleines noires est plus importante plus tard dans la saison.

L’Association des pêcheurs souligne également que 40% des pêcheurs de la région dépassent l’âge de 60 ans et que les communautés de la Basse-Côte-Nord comptent un nombre important d’aînés.

Proposition

Après consultations auprès de ses membres, l’association propose l’annulation de la pêche au crabe commerciale cette année. L’association ne présente aucune demande pour les autres pêches puisqu’elles impliquent moins de pêcheurs et moins de défis logistiques.

Pour aider à «maintenir les pêcheurs à flot», l’association demande au gouvernent fédéral un «plan de mode de survie pour 2020» qui pourrait comprendre l’annulation des frais de permis de pêche, la prolongation de l’assurance-emploi (à l’échéance du Programme canadien d’urgence) jusqu’à la prochaine saison de pêche, tant pour les pêcheurs, les travailleurs d’usine et pour tous les autres travailleurs de l’industrie.

Pour le gouvernement provincial, on demande de couvrir les frais d’assurance, de centre de services pour les bateau, les intérêts sur les prêts au MAPAQ et le report des paiement sur le capital des prêts aux entreprises de pêche d’un an.

L’association demande aux deux paliers de gouvernement de reporter les paiements sur le capital jusqu’à l’année prochaine et sans intérêts pour les pêcheurs avec des prêts privés dans les institutions financières pour leurs entreprises de pêche.

«Nous n’avons pas d’autre choix que de demander des mesures d’aide en mode de survie pour tous nos pêcheurs, non seulement pour les pêcheurs de crabe des neiges, mais aussi pour les pêcheurs d’autres espèces» ajoute la LNFSA.

Bénéfices à long terme

Pour l’Association des pêcheurs de la Basse-Côte-Nord, les bénéfices d’annuler la saison de pêche au crabe cette année dépassent les pertes attendues.

Les stocks de crabe devraient profiter de l’annulation de la pêche et les prix, difficiles cette année, devraient être à la hausse l’an prochain.

De 2021 à 2024, l’association projette des débarquements 25% plus élevés que ceux qui pourraient être effectués cette année.

«Nous allons mettre en banque et protéger nos stocks en 2020, car la valeur est à un niveau très faible. Nous ne surchargerons pas les marchés et ne contribuerons pas à faire baisser le prix de nos fruit de mer à long terme. Cette pénurie favorisera un prix plus élevé pour 2021 et au-delà avec des stocks plus bas et une meilleure demande pour des produits plus frais.» explique l’association dans son document.

Réponse attendue

Paul Nadeau est optimiste à l’idée que l’Association des pêcheurs puissent obtenir une réponse à ses demandes. L’association s’attend toutefois à des pourparlers avec les paliers de gouvernement.

L’association attend une réponse d’ici le 5 mai 2020 et demande de reporter la pêche jusqu’au 11 mai afin de permettre une période de discussion entre l’industrie de la pêche et les deux paliers de gouvernements.

Au delà du 5 mai, l’association supposera que ses demandes sont refusées par le gouvernement. «Une réponse négative placerait inévitablement les pêcheurs et les travailleurs de l’industrie de la pêche dans une position très difficile, car ils ont également besoin d’un revenu minimum pour vivre toute l’année» rappelle l’Association des pêcheurs de la Basse-Côte-Nord.