Langues officielles des TNO : la parole aux collectivités

Sarah Jerome s'adresse au comité, un microphone à la main.
la locutrice Gwich’in Sarah Jerome est l'une des cinq personnes a s'être prononcées lors de cette première consultation publique, qui se tenait à Inuvik, le 7 juin. (Photo: Capture d'écran - Assemblée législative des T.N.-O.)
Thomas Ethier - CIVR - YellowknifeTNO | 18-06-2021
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Les consultations publiques entourant la révision de la loi sur les Langues officielles des TNO sont officiellement en branle. Tenue à Inuvik le 7 juin, cette première assemblée publique aura réuni cinq intervenants, certains déplorant n’avoir été avertis que quelques jours avant l’évènement.

Le comité de révision de la Loi sur les Langues officielles des TNO, constitué de députés de l’Assemblée législative, se déplacera dans diverses collectivités au cours des prochaines semaines pour y entendre le point de vue des résidents. Aucun horaire n’a toutefois encore été publié. Les membres du public et les organisations ont également la possibilité de s’exprimer par écrit en présentant un mémoire au comité.

 

Écoutez le compte rendu du journaliste Thomas Ethier, à l'émission LATTITUDE, sur les ondes de Radio Taiga:

Inquiets pour la relève

L’accès à l’enseignement des 9 langues autochtones officielles des TNO - sur un total de 11, incluant le français et l'anglais -, aura été au centre de ce premier échange. Ancienne commissaire aux langues des TNO, la résidente d’Inuvik Sarah Jerome a souligné à grands traits l’absence inquiétante de relève pour assurer la transmission des langues autochtones aux nouvelles générations, alors que plusieurs enseignantes partent à la retraite.

La locutrice Gwich’in déplore notamment l’interruption du programme d’Enseignement des langues et cultures autochtones, qui était offert au Collègue Aurora. « Chaque année, des enseignantes prennent leur retraite et il semble qu’à chaque départ, personne ne soit la pour prendre la relève. Nous devons dès maintenant offrir ce type de programmes, afin que des gens soient prêts à occuper ces postes. »

Mme Jerome a vivement déploré que seulement 30 minutes par jour soient consacrées à l’enseignement à la fois de l’inuvialuktun et du gwich’in dans les écoles primaires de la région. « J’ai décidé que je n’allais plus rester là à rien faire, a-t-elle aussi assuré. J’ai appelé l’école et indiqué au directeur que si ces deux langues sont toujours enseignées à raison d’une demi-heure par jour l’an prochain, je retirerai mes deux petits enfants de l’école pour leur enseigner moi-même ma langue d’origine. »

Priorité au français

La député d’Inuvik Twin Lake et membre du comité de révision, Lesa Semmler, a abondé dans le sens de Mme Jerome, et convenu que des changements importants s’imposent. « J’ai grandi dans cette collectivité, et je ne connais pas ma langue, a-t-elle souligné. À l’école secondaire, je n’ai jamais pu suivre d’autres cours de langues que le français. »

« Je crois que de grands changements doivent se produire. Il y a plusieurs révisions de cette loi au fil des ans, des recommandations ont été émises, et les gouvernements précédents n’ont rien changé. Cette loi est révisée tous les cinq ans. Nous pouvons bien faire cette révision, mais est-ce que ce gouvernement va faire quelque chose ? », s’est-elle questionnée.

Aux yeux de Mme Semmler, il serait difficile à l’heure actuelle pour les jeunes intéressés par ces langues d’avoir accès aux ressources d’apprentissage.

« Les jeunes ne connaissent pas la langue, et n’ont pas l’occasion de l’apprendre dans leur région, où se trouvent les locuteurs. Le gouvernement devrait mettre l’accent sur ces langues comme il le fait avec la langue française. […] C’est au gouvernement de passer à l’action et d’intégrer une programmation au Collège Aurora, et ce sans attendre, par exemple, la création d’une université polytechnique aux TNO ».

Aucune loi, fédérale ou territoriale, n’encadre présentement l’enseignement des neuf langues autochtones officielles des Territoires du Nord-Ouest. Le droit à une éducation en français dans tous territoires et provinces du pays est inclus dans la Charte canadienne des droits et libertés.

Loi inchangée depuis 2003

Entamé à l’automne 2020, le processus actuel de révision de la Loi sur les langues officielles des TNO doit normalement se conclure d’ici mars 2022 par la présentation de recommandations à l’Assemblée législative. Le GTNO devra y répondre dans les mois qui suivront ce dépôt.

Bien qu’une révision ait lieu tous les cinq ans, aucune modification n’a été apportée à cette loi depuis 2003. Toutefois, le ministre responsable de la Loi sur les Langues officielles, R.J. Simpson, a présenté en novembre dernier trois recommandations au comité, visant à y apporter des modifications administratives. Ceci laisse présager qu’un projet de loi sera déposé d’ici la fin de la 19e Assemblée législative des TNO.