Le français ne progresse pas au Nouveau-Brunswick selon Jean-Paul Perrault, le président du groupe pour la défense de la langue française Impératif français. Au contraire, il soutient que la langue de Molière perd du terrain.
« On grignote partout la place du français pour la rendre de plus en plus non nécessaire ou superflue », dit-il.
Ces dernières semaines, le français au Nouveau-Brunswick a fait plusieurs fois les manchettes. Un garde de sécurité unilingue anglophone accueillait les clients à l'entrée de la succursale d'Alcool Nouveau-Brunswick, une ville pourtant majoritairement francophone.
Le premier ministre Blaine Higgs a répondu en anglais aux questions posées en français lors des conférences de presse sur la COVID-19 en utilisant une oreillette pour obtenir la traduction. La commissaire aux langues officielles a recommandé au premier ministre de faire appel à un porte-parole bilingue. Il n'y a pas eu de conférence de presse concernant le virus depuis cette recommandation.
Selon M. Perreault, ces évènements n'ont rien d'étonnant, mais il se désole de la perte de terrain du français.
Ayants droit dans le recensement : une victoire ou une défaite?
Parmi d'autres, la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick et la Fédération des Conseils d’éducation du Nouveau-Brunswick ont longuement milité pour l'ajout de questions au formulaire court du recensement afin de dénombrer les ayants droit, autrement dit les enfants qui ont le droit d'aller à l'école dans la langue minoritaire d'une province. Plus tôt ce mois-ci, leur requête a été satisfaite puisque Statistique Canada ajoutera cinq questions au formulaire court de 2021.
« On est soulagé. On va garder quand même nos deux yeux ouverts et nos deux oreilles ouvertes pareil par exemple. Il ne faut quand même pas prendre pour acquis même si la Charte des droits et libertés est là », avait alors dit David Couturier, le directeur général de la Fédération des Conseils d’éducation du Nouveau-Brunswick.
À ces yeux, il s'agissait d'une victoire puisque les écoles francophones de la province pourront estimer plus précisément leurs dépenses.
Aux yeux de M. Perreault, cette décision pourrait permettre à davantage d'enfants au Québec de se tourner vers les écoles anglophones, ce qui serait un nouveau pas en arrière pour tous les francophones du Canada.
« Ce n'est pas en anglicisant davantage le Québec que l'on va réussir à faire avancer l'ensemble de la francophonie canadienne », dit-il.
M. Perreault ne croit pas que le gouvernement du Nouveau-Brunswick aidera la cause du français, citant ses liens avec l'ancien parti Confederation of Regions (CoR). Par contre, il salue la force du militantisme acadien.
« Je demanderais aux francophones de ne pas parler anglais ou de réduire les occasions où ils parlent anglais, de toujours commencer en français, d'éviter de parler anglais. L'anglais n'est pas la langue commune du Nouveau-Brunswick. Il y a deux langues communes au Nouveau-Brunswick ».