L'impact de la pandémie de COVID-19 sur les professionnels de la culture et sur le secteur dans son ensemble apparaît encore plus sévère qu'on ne le supposait auparavant. 

L'UNESCO avait averti que la Covid-19 frapperait le secteur de la culture encore plus violemment que l'on pourrait imaginer. Qu'arrive-t-il aux artistes, conteurs, écrivains, et formateurs ? Puisque dans les lieux publics, les rassemblements sont interdits. Les déplacements non essentiels vers d'autres régions, peu importe sa couleur, et à l’extérieur du Québec ne sont pas recommandés, mais pas spécifiquement interdits. Puisque, dans le secteur des arts, les commerces et services suivants sont fermés: salles de spectacles; cinémas; les salles de théâtre; les bibliothèques; les musées et les casinos.

Selon le Conseil des arts du Canada, la perte de revenus possible pour le monde des arts représente des centaines de millions de dollars. De plus, en première ligne des mesures de confinement et d’annulations des rassemblements publics, le milieu artistique canadien est fortement touché par les mesures de ralentissement de la propagation de la COVID-19.

C'est dans ce contexte que nous avons interviewé Joujou Turenne. C'est une conteuse, auteure, poétesse, formatrice et comédienne.

Joujou Turenne entourée de ses livres lors d'un Salon du livre; Contes de Joujou et Joujou Turenne raconte Mandela. Photo Luc Belfort

En dehors de ses publications, elle est, donc, une travailleuse autonome, une professionelle des arts de la scène, de la littérature et de la culture.

La prémisse de départ est simple: la pandémie, le confinement ont-ils affecté le bon déroulement de ses activités artistiques et littéraires. Si oui, comment s'en sort-elle ? Quelles sont les balises mises en place pour atténuer l'impact de la COVID-19 ? Quelles sont les solutions trouvées ? 

Durant l'entrevue qu'elle nous a accordée le 25 mars 2021, Joujou Turenne a déclaré « Donc, avec les limitations imposées par la pandémie (impossibilité de voyager à l'international, les fermetures d'école, la fermeture des salles de spectacle, etc ...), je n'ai que des contrats virtuels ». Elle prend le temps de respirer et d'ajouter « la pandémie, le virtuel, on a marre; en même temps, il faut faire avec », soupire Joujou Turenne. 

Joujou Turenne a profité du confinement pour rédiger deux manuscrits. « Les détails viendront », précise-t-elle. « Mais pour que notre parole subsiste, survive, elle doit se rendre aux oreilles de notre public qu'on ne voit plus depuis un an. Donc, la parole conte. La culture conte aussi », insiste Joujou Turenne.

Joujou Turenne, Amie du Vent, est auteure en littérature jeunesse, conteuse, poétesse, performeuse des arts de la parole, comédienne, formatrice et conférencière. Elle compose des histoires étincelantes nourries de l’Afrique, l’alma mater, du Québec, où elle vibre et qu’elle a choisi comme lieu d’ancrage, et d’Haïti, sa terre natale.

Joujou Turenne a une formation en psychologie et en récréologie à l’Université d’Ottawa, en voix et mouvement du Groupe de la Place Royale, en danses africaines, caribéennes, orientales et jazz. Elle souhaite faire concorder bien-être mental avec gestuelle et verbe. Danseuse multidisciplinaire, Joujou Turenne obtient d’Ottawa Dance Center une bourse pour se perfectionner en danse contemporaine et en danse thérapeutique.

Auteure au parcours atypique, cette Amie du Vent est préoccupée par une littérature plus inclusive. « J'aborde avec sensibilité des thèmes parfois complexes pour l’enfance et la jeunesse, mais combien nécessaires », soutient Joujou Turenne.

C'est aussi une conteuse cosmopolite, elle pose un regard féminin pluriel sur son monde en constante mouvance. Elle manie le geste comme vecteur. Joujou Turenne sème ses mots aux quatre vents tant en français, en créole et en anglais. Elle témoigne à la fois de sa sensibilité et de son engagement tant au Québec, au Canada anglais ou du Yukon à Halifax, en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient, dans la Caraïbe et dans les Amériques.

Joujou Turenne incarne sur scène et à l’écran des personnages qui dérident l’imaginaire. Elle marquera une génération d’enfants notamment grâce à l’hyper médiatisation du personnage Passe-Tourelle de la télésérie pour enfants Passe-Partout à Télé-Québec. Cette émission fut présentée pendant douze ans à la télévision. Il faut noter que Télé-Québec s’est vue décerner le prix Gémeau Multiculturalisme pour cette série.

Détentrice de nombreux prix d’excellence, notamment du prix Cator pour l’ensemble de sa carrière en 1998 et du prestigieux prix Anselme Chiasson en 2011, afin d’aider à guérir ou pour le plaisir. Joujou Turenne trouve de plus en plus essentiel d’éveiller l’imaginaire. Suspendu à ses lèvres où l’écoutant à fleur d’encre, le public de l’Amie du Vent voyage avec elle aux frontières du réel et de l’imaginaire, conclut-elle.

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