De l’exil à la communauté

Alain Saint-Victor souriant et portant des lunettes sur fond gris-blanc
Alain St-Victor, professeur d'histoire, auteur du livre publié aux Éditions Dami « De l'exil à la communauté, une histoire de l'immigration haïtienne de Montréal 1960 – 1990. Photo courtoisie ASV
Henry Saint-Fleur - CINQ - MontréalQC | 21-12-2020
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Alain St-Victor, professeur et historien, auteur, vient de publier aux Éditions Dami, début décembre 2020, un nouveau livre. Intitulé « De l'exil à la communauté, une histoire de l'immigration haïtienne de Montréal 1960 – 1990. En analysant comment la communauté haïtienne s’est constituée historiquement, Alain Saint-Victor estime qu'elle comporte trois périodes. Au cours des années 1960 composée essentiellement d'exilés. La période 1970 où l'on retrouve une deuxième vague d'immigration. La troisième période comprend les décennies 80 et 90.

Chaque période porte leur propre marqueur. Selon Alain Saint-Victor, « la première vague est formée principalement d’intellectuels et de professionnels. Ils se sont perçus comme des exilés, c’est-à-dire comme des individus de « passage ». Il précise que « ces immigrants ont été éduqués dans des écoles imprégnées de l’idéologie élitiste et de culture française. Ces intellectuels de la première vague, comme on les désignait, viennent pour la plupart de la petite bourgeoisie. Beaucoup d’entre eux n’ont pas développé de réels contacts avec le peuple. Leur lutte est essentiellement politique et idéologique, elle vise principalement le renversement du régime de Duvalier ».

Fait intéressant à noter: le passage entre les deux premières périodes démontre la volonté des immigrants de l'époque de développer l'esprit de communauté. Il estime que « cette transformation s’est effectuée au prix de combats continus et souvent difficiles, combats qui portent fondamentalement sur la volonté de s’intégrer, de se créer une place au sein de la société d’accueil ».

Ces immigrés haïtiens de cette deuxième vague étaient considérés comme des ouvriers « non qualifiés » constate-t-il. Ce qui a provoqué un malaise relativement profond chez plusieurs de ces professionnels de la première vague. Ces différences paraissaient d’autant plus manifestes qu’au milieu des années 1970, les nouveaux arrivants faisaient face au chômage, à la discrimination et à l’exclusion ».

C’est dans ce contexte particulier que naîtront les deux centres communautaires, souligne-t-il. En faisant référence à la Maison d’Haïti et le Bureau de la Communauté chrétienne des Haïtiens de Montréal. Comme on le verra, écrit Alain Saint-Victor, « leurs objectifs consistent, au départ, à aider les immigrés de la deuxième vague à intégrer, en particulier, le marché du travail, et à s’adapter à la société québécoise ».

L'analyse d'Alain Saint-Victor démontre que ces objectifs demeurent constants tout au long des décennies 1970, 1980 et 1990. En somme, l'histoire de la communauté haïtienne de Montréal, du moins à ses débuts, se reflète dans les activités de ces deux centres. Elle est marquée de luttes contre la déportation, le racisme et la discrimination.

La troisième vague se trouve, elle, dans la continuité des efforts d'intégration. Dans certains quartiers, les immigrés haïtiens sont de plus en plus nombreux. Les commerces de proximité se développent, principalement à Montréal-Nord, Rivière-des-Prairies, Laval, Quartier Saint-Michel, etc ... Sans oublier la poursuite des luttes contre le Sida, liées à l'industrie du Taxi, la problématique scolaire, l'apprentissage du français, entre autres.

Ces deux centres, avance Alain Saint-Victor, « allaient représenter un lieu de solidarité, de rencontre et d’échanges entre les immigrés de la première et de la deuxième vague. Cette situation contribue grandement à former, malgré la réalité socialement hétérogène des Haïtiens de Montréal, une conscience communautaire qui se renforcera au gré des conjonctures, conclut-il.

Veuillez cliquer sur le lecteur pour écouter l'entrevue.