À l'aube du renversement possible du jugement Roe contre Wade aux États-Unis, plusieurs organisations de droits de la femme sont inquiètes qu'une telle situation se reproduise au Canada. Toutefois, la situation est bien différente ici, qu'elle l'est aux États-Unis.
Selon plusieurs entrevues d'experts juridiques dans les médias, le sujet de l'avortement au Canada n'est pas aussi polarisant, mais constitue tout de même un tabou de la société. Au Canada, l'avortement se heurte davantage à des problèmes d'accessibilité qu'à des enjeux politiques.
Selon leurs ressources gouvernementales respectives, le Québec dispose de 73 centres d'avortement, alors que l'Alberta n'en répertorie que deux, situés à Calgary et à Edmonton.
Nous avons rejoint Services de Santé Alberta dans l'espoir de récolter de plus amples informations. La société d'État nous a répondu par courriel avec un communiqué.
« Services de Santé Alberta s'engage à faire en sorte que les femmes enceintes de l'Alberta aient des choix en matière de procréation, quel que soit l'endroit où elles vivent dans le processus.
Nous reconnaissons que les déplacements vers des centres plus grands peuvent être un fardeau pour certaines patientes et leurs familles, mais la prestation de services d'avortement procédural non médicamenteux nécessite des chirurgiens, des anesthésistes, du personnel infirmier, une salle d'opération et des services de conseil avant et après l'intervention.
Les prestataires de soins de santé doivent également effectuer la procédure régulièrement pour rester compétents et familiers avec la procédure afin de s'assurer qu'elle est effectuée en toute sécurité. Cela n'est pas possible dans les sites plus petits, où le nombre de procédures serait très faible.» - Services de Santé Alberta
Pour pallier à ce problème, un médicament, le Mifegymiso, est mis gratuitement à la disposition des femmes ayant une grossesse de 6 à 9 semaines. Il est disponible par prescription d'un médecin ou d'un infirmier praticien. Il se trouve dans toutes les pharmacies à travers l'Alberta, selon le communiqué.
Toutefois, le système de santé albertain fait encore preuve de ses faiblesses en régions rurales. Plusieurs centres de soins à l'extérieur des grands centres doivent fermer, faute de personnel. Chantal Gauthier Vaillancourt, sage-femme à l'hôpital de Lac La Biche, que nous avons aussi contactée pour des renseignements, affirme que les services d'avortement sont difficilement accessibles dans la région de Lac La Biche.
«C'est triste, mais c'est vrai. La seule chose que je peux dire à ce sujet c'est que je [peux confirmer] que ce n'est pas un service qui est accessible dans notre région.» - Chantal Gauthier-Vaillancourt
Services de Santé Alberta s'attend toutefois à ce que le traitement médicamenteux pour les avortements soit de plus en plus populaire. Dans la région de Calgary, lors de la dernière année, 40% des avortements ont été faits par médicaments, une proportion qui est vue à la hausse.
Nous avons tenté de rejoindre le Nouveau Parti démocratique de l'Alberta, parti de l'opposition officielle en Alberta, pour demander des commentaires. Les communications du parti n'ont pas fait suite à notre demande d'entrevue.
Pour connaître le résumé de la situation, le journaliste Vincent Lavoie était reçu à l'émission matinale De bonne heure sur le piton, sur les ondes de Boréal FM.