L'année 2021 était attendue impatiemment par nombre de gens autour du monde avec l'espoir de laisser derrière eux une année 2020 compliquée. C'était sans compter sur l'événement qui a eu lieu hier à Washington pendant la validation par le congrès américain du résultat de l'élection présidentielle de l'automne dernier. Cette formalité administrative devait valider le fait que Joe Biden, serait bien le prochain Président des États-Unis. Le candidat démocrate l'ayant emporté contre son rival républicain, le très controversé homme d'affaire Donald J. Trump.
Des milliers de manifestants pro-Trump s'étaient massés aux abords du Capitol pour protester contre les résultats de l'élection, évoquant une triche manifeste de la part du camp démocrate. Les manifestants sont ensuite entrés dans le Capitol bravant la sécurité, donnant lieu à des scènes irréelles de manifestants siégeant au congrès, profitant des bureaux des parlementaires et emportant avec eux du mobilier.
Pour Henri-Dominique Paratte, l'écrivain d'Halifax qui suit et décrypte la politique américaine, la société aux États-Unis est clairement divisée et cette fracture est très profonde.
"À force d'élections avec des scores aussi serrés entre les deux grands partis, et des campagnes de plus en plus agressives ça laisse des traces dans la société. Il ne faut pas oublier que ce pays a connu une guerre civile qui a vu s'opposer deux visions très différentes de l'avenir, chose que le Canada n'a jamais connu", explique Henri-Dominique Paratte.
Au delà du clivage que représentent les élections dans la société, tous les bords politiques condamnent désormais cette intrusion et le Président Donald Trump appelait hier à l'apaisement tout en réaffirmant que l'élection avait été volée à son camp. Dés lors, ses comptes sur les médias sociaux ont été bridés par les différentes plateformes, Facebook ayant effacé purement et simplement le message, et Twitter empêchant les utilisateurs d'interagir avec. Pour Henri-Dominique Paratte, c'est toute l'image des États-Unis qui est impacté par cet événement.
"On parle quand-même d'un pays impérialiste, c'est à dire qui a une influence forte sur le monde, et bien si on fait appel à nos références culturelles, en 410 de notre ère, les barbares qui ont envahi Rome ont pris le Capitole, et ça a causé la chute de l'empire romain d'occident", raconte l'écrivain.
Pour Henri-Dominique Paratte, c'est aussi le symbole que la société américaine va mal. Pas de réponse fédérale à la pandémie, très peu d'aides aux plus fragiles, un taux de chômage et de loyers impayés qui augmentent fortement. L'économie américaine est mise à mal par cette crise et cela contribue à tendre les rapports sociaux en période de scission.
Le Canada et en particulier sa partie occidentale ne ressentiront que très peu les impacts de l'événement selon Henri-Dominique Paratte.
"En atlantique, les canadiens ont pris l'habitude de laisser la politique aux politiciens et les résidents originaires des États-Unis qui habitent par exemple à Halifax, sont principalement des sympathisants démocrates. Là où l'on a vu un changement de ton concernant les États-Unis, c'est au Halifax Defense Forum, on sentait que les officiels américains étaient contents de retourner à une posture plus réfléchie et moins politicienne. Les années Trump auront eu un impact fort sur la politique internationale des États-Unis, et ce renouveau, c'est une opportunité pour le Canada de faire valoir le multilatéralisme", explique Henri-Dominique Paratte.
Alors que la communauté internationale condamne également ces intrusions, les mois à venir et la prise de poste par Joe Biden seront l'occasion pour le Canada de retisser des liens avec son voisin du sud.
Henri-Dominique Paratte était au micro de Oui FM pour décrypter la situation et revenir sur les événements au Capitol.